Lors de mon passage au Salon du livre de Montréal, en novembre, j’ai remarqué un album assez fascinant au stand des Publications du Québec. Il s’intitule Les années pieuses, est paru en 2007 dans la collection « Aux limites de la mémoire » et renferme plus de 175 photographies noir et blanc illustrant ces années qui vont de 1860 à 1970.
L’auteure Anne-Marie Sicotte note que, à cause de son isolement dans un océan anglophone, le statut de la société canadienne-française est longtemps demeuré précaire. C’est pour cette raison, écrit-elle, que « la religion s’est liée à la culture de manière inextricable » et que les francophones ont « ensuite confondu croyance religieuse et identité culturelle ».
Pour certains lecteurs, ces quelque 175 images évoqueront un passé heureusement révolu. Pour d’autres, c’est la nostalgie qui prévaudra. Les plus jeunes découvriront un Québec qu’ils n’ont pas connu et qu’ils auront même de la difficulté à imaginer. Peu importe la réaction, « il est indéniable que l’omniprésence catholique a laissé une trace indélébile dans l’âme et le paysage canadien-français ».
Les photos et leurs assez longues légendes sont regroupées sous dix thématiques qui vont de « L’Église au cœur de la communauté » à « Intimité et recueillement pour accueillir Dieu », en passant par « Une jeunesse au rythme du catéchisme », « Une foi qui triomphe sur la place publique » et « Une pastorale de grandiose », pour ne citer que quelques sections de ce fascinant album.
Un livre sur le Québec catholique ne pouvait pas passer sous silence la contribution herculéenne des communautés religieuses au développement moral, social et culturel de la société canadienne-française. La présence de ces communautés s’est fait sentir partout, d’abord dans les paroisses, écoles, collèges, hôpitaux, asiles et orphelinats, mais aussi dans les terrains de jeux, centres culturels et bibliothèques.
De la naissance à la mort, les différentes étapes de l’existence des Québécois étaient ponctuées de nombreux rites religieux. On trouvera des photos de baptême, de première communion, de confirmation, de mariage et d’enterrement. Il est aussi question des divers mouvements d’Action catholique : jeunesse étudiante, jeunesse ouvrière, etc.
La présence religieuse ne se limitait pas à l’église paroissiale, au foyer et à l’école; elle avait ses échos dans les champs (où on s’arrêtait pour réciter l’angélus), sur la route (où on érigeait des croix de chemin) et dans le paysage tant rural qu’urbain (où se dressaient des grottes et oratoires, parfois même des calvaires).
Les photos, sans doute choisies parmi des milliers, rendent avec éloquence l’atmosphère particulière qui régnait avant l’avènement de la Révolution tranquille. Nous pouvons voyager dans ce livre au nom de l’intérêt historique, au nom de nos souvenirs d’enfance et même « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il ».
Anne-Marie Sicotte, Les années pieuses 1860-1970, Québec, Publications du Québec, coll. Aux limites de la mémoire, 2007, 206 pages, 29,95 $.