Plusieurs experts s’interrogent sur la pertinence d’avoir une tablette à l’école secondaire.

Dans la Silicon Valley, aux États-Unis, les parents choisissent de plus en plus des écoles privées qui n’ont aucune technologie.

Peut-être savent-ils quelque chose que nous ne savons pas, a illustré la professeure Caroline Fitzpatrick, de l’Université Sainte-Anne, en Nouvelle-Écosse.

Une centaine de chercheurs se sont réunis à Québec, le lundi 10 février, pour participer au tout premier forum gouvernemental sur l’utilisation des écrans et la santé des jeunes.

En moyenne, les adolescents passent sept à huit heures par jour devant des écrans. « C’est beaucoup plus significatif que prévu », a déclaré Patricia Conrod, du Département de psychiatrie à l’Université de Montréal.

La chercheuse Tania Tremblay, du Collège Montmorency, s’est dite abasourdie de voir les écoles privées du Québec imposer la tablette, alors qu’il n’y a aucune étude qui a mesuré son impact notamment sur la dynamique familiale.

Selon elle, de plus en plus de parents se plaignent que cette dynamique familiale est devenue « très complexe ». Le parent, dit-elle, se retrouve complètement « déboussolé » et hérite d’une charge de plus.

Mélanie Henderson, pédiatre endocrinologue au CHU de Sainte-Justine, y est allée d’une anecdote personnelle : sa fille au secondaire lui a rapporté avoir cassé son iPad pendant son cours de gym. « Est-ce que vraiment on utilise le iPad à sa juste valeur? J’ai de sérieux doutes », a-t-elle déclaré.

Doit-on retirer la tablette des écoles secondaires, s’est demandé la directrice générale du Centre Cyber-aide, Cathy Tétreault, qui dit s’inquiéter pour la santé, la sécurité et la sexualité des jeunes. « Je suis vraiment soulagée de ce que j’entends (…) j’en tremble, a-t-elle relaté devant le groupe, en disant avoir longtemps été traitée d’alarmiste. »

Mme Conrod a dit avoir observé une croissance du nombre d’adolescents aux prises avec des troubles anxieux, de la dépression et des idées suicidaires. « Est-ce que le temps d’écran est lié à cette tendance? » a-t-elle lancé.

Le forum du 10 février a réuni des experts. Une deuxième journée de consultations est prévue le 20 mars, cette fois avec des groupes communautaires. Le tout devrait éventuellement déboucher sur un plan d’action gouvernemental.

SOURCE: Caroline Plante, La Presse canadienne