L’histoire de Windsor et de la région est intimement liée à la lutte anti-esclavagiste menée aux États-Unis et dont le pire moment fut la Guerre de Sécession. Les Noirs y gagnèrent la fin de l’esclavagisme et une certaine forme de liberté mais, le prix à payer fut lourd. 

C’est dans la première moitié du XIXe siècle que des milliers d’esclaves noirs ont entrepris le voyage vers le nord des États-Unis et le Canada en quête de liberté. C’est ce qu’on a appelé le « chemin de fer clandestin ». Ces fugitifs, pour différentes raisons ont choisi plusieurs destinations pour achever leur périple notamment le long de la rivière de Détroit et sur les rives du lac Érié. Ceux-ci n’ont jamais été dénombrés officiellement, mais entre 12 000 et 60 000 esclaves du sud des États-Unis auraient échappé à leur sort en confiant leurs destinées à un réseau de passeurs et de bonnes âmes qui les protégeaient, les abritaient au cours de leur longue marche vers un avenir meilleur. Ceux qui choisissaient le Canada se dirigeaient majoritairement vers l’Ontario et, dans une moindre mesure, vers la région de Montréal. 

Les villes de Windsor, Chatham, Amherstburg, North Buxton et Dresden ont toutes reçu des esclaves qui fuyaient les États-Unis. Dans la région, c’est plus spécifiquement à Sandwich qu’ils élisaient demeure. Ce qui est aujourd’hui un quartier de la Ville de l’auto a abrité une communauté noire à une époque. D’ailleurs, plusieurs murales peuvent être admirées autant à Sandwich qu’ailleurs dans la ville. On peut y découvrir les noms et les visages de plusieurs Noirs qui ont marqué, chacun à leur façon, la grande et la petite histoire. Ainsi, le journaliste Henry W. Bibb a fondé le journal Voice of the Fugitive édité et distribué de 1851 à 1853. Howard Watkins, décédé en 1988, fut le second détective d’origine africaine au Canada. Le premier a été Alton Parker. 

Il ne faudrait pas passer sous silence Josiah Henson dont l’autobiographie a inspiré le roman La Case de l’oncle Tom. Henson fonda une petite communauté non loin de Dresden et consacra sa vie à enseigner aux ex-esclaves comment devenir de bons fermiers. 

Aujourd’hui, Windsor est une ville multiculturelle avec des communautés noires en provenance de plusieurs pays d’Afrique et des Antilles. L’arrimage entre ces communautés dont plusieurs sont francophones et la communauté blanche francophone a pris du temps à se matérialiser mais, depuis quelques années, on note un net rapprochement.

Le mois de février a été retenu pour commémorer l’histoire des Noirs, ce qui donne la mesure de l’importance de cet épisode dans l’histoire des États-Unis et du Canada.  

Photo : Plusieurs murales soulignent la contribution des Noirs dans la région.