Initié par les Éditions David, le concours Mordus des mots en est à sa septième cuvée. Les élèves des écoles secondaires de l’Ontario ont tour à tour écrit des nouvelles policières, des récits historiques et de parcours, des nouvelles de science-fiction, des contes urbains imaginaires et des récits franco-ontariens. Cette année, place est faite aux récits de voyage. Petites chroniques dépaysantes réunit 30 textes, dont 12 du Sud de l’Ontario :
Toronto (6), Welland (2), London (2), Tecumseh et Windsor.

C’est Katia Canciani qui a agi comme auteure-conseil et animatrice d’ateliers dans tous les coins de la province. Elle note que « le voyage est d’abord et avant tout une question de regard ». Quand une personne sait observer, elle « comprend, se comprend, apprend. Grands rôles du voyage! »
Écrits au « je », ces 30 récits laissent peu de place aux dialogues. Comme on peut s’y attendre, les descriptions de lieux abondent (je soupçonne un coup de main de Wikipedia). Les textes sont regroupés sous six thématiques : Allers-retours intérieurs, Sous les tropiques, Périples en Europe, Voyages chez soi, Esprit sportif et Vacances en famille.

Quelques élèves racontent leur immigration au Canada depuis la Chine, le Burundi, le Liban ou l’Albanie. Omar Farhat, de l’École secondaire Étienne-Brûlé, écrit qu’il espère un jour retourner au Liban « et trouver un pays que je reconnais. Un pays où je ne suis pas un touriste. »
Dans « Un voyage mémorable », Mikaela Kerr (École secondaire Toronto-Ouest), fait écho à son séjour à Varadero (Cuba). Juste à voir « les palmiers, les frangipaniers et les hibiscus se laisser bercer par les tendres brises marines », la jeune fille se demande si elle est réellement sur Terre. Sous les tropiques, on a évidemment droit à des baignades dans « des eaux saphir » et on nage allègrement avec les dauphins.

D’un récit à l’autre, on passe « des journées immensément chaudes », souvent sur une « mer d’un bleu spectaculaire ». Mais on finit par se lasser. L’inattendu et le dramatique sont rarement au rendez-vous. Peut-être parce que j’ai voyagé en Europe, en Afrique, aux États-Unis, dans les Antilles et en Amérique du Sud, je n’ai pas été particulièrement émerveillé par ces 30 récits de voyage.
Plusieurs textes ont néanmoins le mérite de démontrer que le voyage est toujours dépaysant puisqu’il conduit à la découverte de soi et de l’autre, ouvre de nouveaux horizons et suscite parfois des remises en question.

Paul-François Sylvestre