Le comté électoral de Windsor-Ouest pourrait être déterminant à l’élection fédérale du 21 octobre prochain. Cette circonscription est représentée depuis 2002 par le Néo-démocrate Brian Masse. D’ailleurs, la région de Windsor au complet est un château-fort du NPD, un parti politique historiquement privilégié des syndicats des travailleurs canadiens de l’automobile. 

Pour percer ce fief orange, le chef du parti Libéral, Justin Trudeau a choisi l’expérience de Sandra Pupatello. Elle a notamment été élue députée provinciale de Windsor-Ouest de 1995 à 2011 et a occupé des postes ministériels de haut niveau, dont celui de ministre de l’Industrie, où elle a mené des délégations commerciales ayant pour mission d’attirer des emplois et des investissements en Ontario.

Après sa carrière en politique, Mme Pupatello a fourni des conseils stratégiques à des entreprises cherchant à multiplier les débouchés commerciaux et les occasions d’affaires. Le Rempart a rencontré l’ancienne députée provinciale pour en discuter.

Qu’est-ce qui vous a motivé à revenir en politique après huit années dans le secteur privé? « D’être à l’extérieur et de voir comment la situation a changé à Windsor, c’est inquiétant, dit-elle. Quand j’étais députée ou ministre, je trouvais des solutions aux problèmes. Mais les dernières cinq ou six années, je vois vraiment un changement ici. Quand je parle à tous les leaders de la communauté, ils me disent « nous n’avons pas de voix », Windsor n’est pas sur la carte géographique politique. C’est ce qui a motivé mon retour en politique. J’ai la force et l’expérience pour trouver les solutions. »

Et pourquoi tenter sa chance au niveau fédéral cette fois-ci ? « C’est l’opportunité maintenant, si je suis à Ottawa, d’utiliser mon expérience au niveau provincial, insiste-t-elle. Beaucoup de mes amis, les personnes qui travaillaient avec moi à l’époque sont maintenant à Ottawa. Je connais les ministères, j’ai participé à toutes les Tables de consultation fédérale-provinciales et je sais comment prendre les soumissions de tous les autres niveaux de gouvernements. »

Quels sont selon vous les grands enjeux de cette élection dans Windsor-Ouest ? « C’est l’emploi pour les jeunes. C’est le risque du secteur automobile dont j’ai toujours été inquiète. Je vois dans quels pays les investissements dans ce secteur manufacturier vont, et ce n’est pas ici. C’est une grande inquiétude pour moi. »

Les derniers sondages publiés le 18 septembre étaient très serrés, autant dans Windsor-Ouest que dans le reste du pays. À Windsor-Ouest, les intentions de vote montraient 33,1 % pour le Parti libéral, 31,8 % pour le NDP et 18,6 % pour le Parti conservateur. Vous seriez donc en avance ? « J’ai développé une éthique de travail et je me conduis comme si j’étais toujours à la dernière place. Tous les jours, je commence à courir chaque matin jusqu’au soir, et jusqu’au dernier jour de l’élection. Il y a une opportunité maintenant de prendre cette circonscription avec une personne qui a fait ses preuves. C’est aujourd’hui le temps de le faire et il n’y a pas une seconde à perdre », insiste la candidate libérale.

Quelle sera votre priorité si vous êtes élue le 21 octobre ? « En août, j’ai commencé à consulter les leaders de ma communauté. Les étudiants, les écoles et les syndicats, même si le leadership des syndicats n’est pas avec moi maintenant, comme toutes les autres élections, après le vote, nous travaillerons ensemble, une étape importante pour déterminer des besoins et défis de la communauté. »

Quel est votre message pour les francophones de Windsor-Ouest qui hésitent à voter Libéral ? « Quand j’étais députée, je trouvais important de maintenir la langue française. Le secteur qui grandissait le plus était la communauté francophone. Aujourd’hui, je trouve dommage que nous ayons maintenant un député qui ne s’exprime jamais en français. C’est un manque de respect pour la communauté francophone. Je suis fière de pouvoir m’exprimer en français. La langue est importante et comme je l’ai toujours fait, je m’exprimerai dans les deux langues officielles. J’ai hâte de me retrouver dans un milieu vraiment bilingue à Ottawa. Je rêve du jour où je m’exprimerai aussi bien en français qu’en anglais », conclut-elle.

À ce propos, elle a d’ailleurs engagé dans son équipe l’ancienne journaliste de Radio-Canada, Floriane Bonneville, qui est directrice des communications et coordonnatrice des opérations sur le terrain. Les résultats de la course à Windsor-Ouest seront déterminants le 21 octobre prochain.

PHOTO: Sandra Pupatello (à gauche) et Floriane Bonneville