Alexia Grousson

Avec son nom prononcé à la française, Pardon Monsieur est l’appellation de l’entreprise fondée par Cathy Icare il y a deux ans. Cette mère de deux enfants a décidé de quitter l’Europe pour s’installer à Montréal en 2020, et à Windsor en 2022.

D’origine guyanaise, mais née en France, Cathy Icare a vécu entre les deux pays. Diplômée en tant qu’agente de bord, elle a poursuivi ses études en marketing et en gestion à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

« Je n’avais pas de passion pour la couture en tant que telle, mais plutôt pour la mode. La mode pour moi, c’est le mélange de couleurs, de formes, de matières. C’est réussir à créer quelque chose à partir d’une simple matière végétale, qui devient un tissu, puis un vêtement. J’ai toujours aimé regarder les défilés. J’ai aussi fait du mannequinat et j’ai participé au concours de Miss France Guyane. Le mannequin est à mon sens la source de communication entre le créateur et le public », raconte Mme Icare.

C’est en discutant avec une amie qu’est venue l’idée de se lancer dans l’entrepreneuriat en créant leur propre marque de vêtement.

« Nous voulions traduire ce que nous sommes, c’est-à-dire des femmes, et ce que nous aimons, la mode. Nous avons donc élaboré notre projet, à écrire et à dessiner. Nous avons conçu nos premières pièces, trois modèles de chemises.

« C’est ainsi que nous avons lancé notre entreprise Pardon Monsieur. Nous avons ensuite fabriqué 150 pièces de ces modèles que nous avons mis en vente en juillet 2020 sur Internet. À peine trois jours plus tard, toute la collection était vendue, et pas seulement en France, mais de partout dans le monde. »

Origine du nom Pardon Monsieur

« Nous voulions un nom français, un nom francophone, mais qui peut être prononcé à l’international. Nous voulions qu’il représente la communication entre l’homme et la femme, à l’image des chemises qui sont des pièces masculines que nous avons reprises au féminin. Pardon Monsieur nous a donc semblé le meilleur choix », raconte-t-elle.

Cathy Icare utilise tous les types de matières pour ses créations, tant qu’elles sont durables, résistantes et recyclables. Elle met également un point d’honneur concernant la provenance de celles-ci et de tous ses produits. Chaque vêtement est inspiré par une chose et raconte une histoire.

« Mon inspiration, je la trouve à travers une couleur, un tissu, une humeur, une thématique, une marque… Bref, un peu partout. C’est pourquoi chacune de mes œuvres porte un nom unique qui raconte une histoire. Par exemple, la paresseuse reflète l’idée d’avoir le droit de refuser de faire quelque chose. En fait, mes créations sont un mélange entre passion et conviction. À travers Pardon Monsieur, je peux transférer mon savoir, montrer ce qui me nourrit et ce qui m’anime », poursuit-elle.

Mme Icare ne manque jamais d’inspiration et voit toujours plus grand. Depuis deux ans, elle travaille en collaboration avec des étudiants en design du collège St. Clair de Windsor.

« J’adore cet échange avec les jeunes. Non seulement nous partageons la même passion, mais nous nous nourrissons réciproquement. Je peux transmettre tout mon savoir acquis à Paris et eux m’apporte du neuf et leur créativité. Chacun d’eux a un point fort, un talent que nous exploitons. Sur chaque étiquette du modèle, le designer laisse sa signature, son nom. C’est un peu comme une carte de visite. Cela leur donne de la visibilité et ils peuvent dire qu’ils ont eu une expérience avec une vraie marque de vêtement. Nous passons de beaux moments ensemble. C’est une super collaboration. »

Pardon Monsieur a déjà prêté sa garde-robe pour des films et des courts métrages. Mais la marque n’a jamais présenté de défilé de mode. « J’aimerais beaucoup réaliser cela », confie-t-elle.

Concernant les projets pour l’année 2024, une nouvelle collection verra le jour d’ici peu. « Avec mes étudiants, nous travaillons en ce moment sur une collection ayant pour thème « Renaissance, from Paris to Windsor » qui permettra la relance officielle de Pardon Monsieur. Elle sera composée de neuf nouvelles créations composées de chemises, de robes, d’ensembles, etc. Au total, plus de 500 pièces seront mises en vente prochainement », conclut Mme Icare.

Photo (Crédit : pdyphotography) : Cathy Icare aime son nouvel environnement à Windsor.