Les groupes autochtones se réjouissent de la visite du pape François au Canada prévue cet été, après ses excuses le mois dernier pour le rôle de l’Église catholique dans les pensionnats.
Le Vatican a déclaré, le 13 mai dernier, que le pontife devait s’arrêter en Alberta, au Québec et au Nunavut, et que les capitales Edmonton, Québec et Iqaluit devaient servir de bases pour le voyage du 24 au 30 juillet.
La Confédération des Premières Nations du Traité no 6 travaille avec le Saint-Siège pour planifier la visite dans cette région, a déclaré le grand chef George Arcand, dans un communiqué.
Edmonton fait partie du territoire du Traité no 6, qui couvre le centre de l’Alberta et la Saskatchewan.
« Je reconnais l’impact que la visite du Pape aura sur le Traité no 6, pour les survivants, leurs familles et leurs communautés, a déclaré M. Arcand. Mes prières accompagnent les survivants – j’espère que nous sommes sur la voie de la guérison et que les vérités des survivants seront validées par cette visite historique dans nos territoires. »
On estime que 150 000 enfants autochtones ont été contraints de fréquenter des pensionnats et plus de 60 % des écoles étaient dirigées par l’Église catholique.
Le 1er avril, après plusieurs jours de rencontres avec des groupes des Premières Nations, des Inuits et des Métis au Vatican, le pape François s’est excusé pour la conduite déplorable des membres de l’Église impliqués dans les pensionnats. Il a également dit qu’il visiterait le Canada.
« Je veux vous dire de tout mon coeur : je suis vraiment désolé, a déclaré le pape François en italien devant une salle de près de 200 délégués autochtones. Et je me joins à mes frères, les évêques canadiens, pour vous demander pardon. »
Les délégués autochtones avaient dit au pape qu’ils s’attendaient à ce que des excuses soient présentées en sol canadien. Ils ont dit plus tard qu’ils pensaient que des excuses plus complètes viendraient lors de sa visite.
Le Ralliement national des Métis s’est félicité de l’annonce et a réitéré la nécessité d’excuses papales, ainsi que d’un engagement à agir dans les domaines de la vérité, de la réconciliation, de la justice et de la guérison.
La présidente Cassidy Caron a indiqué que le conseil n’avait pas été consulté sur les choix d’emplacement.
« Nous espérons que le Vatican travaillera en étroite collaboration avec nous dans un esprit de réconciliation pour s’assurer qu’il y aura des ressources adéquates pour tous les survivants qui souhaitent y assister », a dit Mme Caron dans un communiqué.
La Conférence des évêques catholiques du Canada a déclaré que le Vatican avait sélectionné les trois villes en fonction de la durée du voyage, de la vaste superficie du Canada et de la santé du pontife de 85 ans.
L’archevêque Richard Smith d’Edmonton, coordinateur général du voyage pour la conférence, a souligné que le pape est limité dans ses déplacements. Il ne peut plus monter dans des hélicoptères et il ne peut pas être dans un véhicule plus d’une heure. Il doit également se reposer entre les événements.
Malgré ses limites, on s’attend à ce que le pape François se rende sur le site d’un ancien pensionnat.
Les villes choisies sont dispersées et donnent aux peuples autochtones de tout le pays plus d’occasions de voir le pape, a noté M. Smith.
L’archevêque a ajouté qu’un programme officiel devait être élaboré avec des partenaires autochtones et que le voyage serait une autre étape importante pour la guérison et la réconciliation.
Le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, a déclaré qu’il était important que le pape François entende directement les survivants.
« Vous ne pouvez pas élaborer de politique – en particulier sur ces problèmes très, très douloureux dont vous êtes responsable – dans le vide, dans une salle du Cabinet ou à (la basilique) Saint-Pierre, a-t-il dit. Entendre directement les survivants offre non seulement l’occasion de s’excuser et de rendre des comptes, mais aussi de développer de meilleures pratiques quant à la façon d’aller de l’avant. »
Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré dans un communiqué que la visite prochaine ne serait pas possible sans « le courage et la détermination des survivants, des dirigeants autochtones et des jeunes qui ont raconté leur histoire » le mois dernier.
De nombreux dirigeants autochtones avaient demandé au pape François de se rendre à Kamloops, en Colombie-Britannique, où la découverte de sépultures anonymes sur le site d’un ancien pensionnat a suscité des appels dans le monde entier pour la justice et la transparence.
Le Programme de soutien en santé – résolution des questions des pensionnats indiens dispose d’une ligne d’assistance téléphonique pour aider les survivants des pensionnats pour Autochtones et leurs proches souffrant de traumatismes invoqués par le rappel d’abus passés. Le numéro est le 1-866-925-4419.
Source : La Presse canadienne