Au Conseil scolaire catholique Providence, Monique Castonguay occupe le poste de directrice de projets spéciaux et constitue une référence en matière d’éducation autochtone. Cet intérêt pour les Premières Nations l’a d’ailleurs amenée, au cours de l’été, à prendre sous son aile un groupe d’élèves d’une réserve du nord de l’Ontario pour les aider dans leur cheminement scolaire.
Ces jeunes résident à Kitchenuhmaykoosib Inninuwug, une localité située à 580 km au nord de Thunder Bay. On y accède par avion ou, l’hiver, en motoneige. Nul besoin de dire que si la forêt et les rivières à perte de vue ont des charmes certains, elles sont aussi synonymes d’isolement. La réserve est en cela représentative de d’autres villages autochtones et, là comme ailleurs, on y vit les mêmes problèmes.
C’est d’ailleurs à Kitchenuhmaykoosib Inninuwug que fut tourné, il y a quelques années, un documentaire intitulé 3rd World Canada dont le titre parle de lui-même. Mais dans la foulée de la production de ce court métrage est né un programme éducatif : Les 4 Saisons de la Réconciliation. Destiné aux communautés, aux milieux professionnels et aux écoles, ce programme a pour objectif de faire connaître la réalité vécue par les Premières Nations, de faciliter la compréhension de leurs défis et de promouvoir des initiatives destinées à les aider et à resserrer les liens entre elles et le reste de la population. Des voyages sont également organisés pour permettre aux gens de visiter la réserve où a été tourné le documentaire et de s’y livrer à des activités culturelles enrichissantes avec la population locale.
À la fin du mois de juillet, Mme Castonguay a participé à pareil voyage. C’est en cette occasion qu’elle a appris qu’un enseignant de l’école du village avait quitté ses fonctions en cours de mandat et que l’apprentissage de certains élèves s’en était trouvé compromis. Or, pour poursuivre leurs études, ceux-ci devaient se rendre, à la fin de l’été, à Thunder Bay ou à Sioux Lookout, dans les deux cas à des centaines de kilomètres de chez eux, où ils devaient résider en foyer d’accueil ou dans un pensionnat. Cette expérience, à priori peu engageante pour ces jeunes adolescents, allait-elle s’aggraver d’un retard scolaire?
Non, car Monique Castonguay décida alors d’offrir ses services comme enseignante bénévole pendant une dizaine de jours, le temps de permettre à ces élèves de réviser leurs matières avec son aide. Au programme : la langue anglaise en matinée et les mathématiques en après-midi, avec quelques incursions sporadiques dans d’autres disciplines. Les élèves étaient très déterminés à réussir leurs études et ils purent, en peu de temps, améliorer leur maîtrise de ces sujets essentiels.
Les 4 Saisons de la Réconciliation était à l’origine offert en anglais mais Monique Castonguay, de concert avec la réalisatrice du documentaire, Andrée Cazabon, travaille à en franciser les ressources et à les implanter dans les écoles secondaires. 3rd World Canada a ainsi été sous-titré et renommé en français Tiers Monde Canada. Cette initiative n’en est qu’à ses débuts mais répond à un besoin on ne peut plus actuel.
Philippe Thivierge