D’après un sondage effectué par le Conseil canadien pour le commerce autochtone (CCCA), 91 % des entreprises autochtones ont subi des impacts négatifs en raison de la pandémie de COVID-19. L’organisme, qui représente plus de 1000 entreprises à travers le pays, s’est fait offrir une subvention de 110 000 $ par le gouvernement de l’Ontario pour venir en appui à ses membres.

« Il nous ouvre des portes qu’on aurait eu de la misère à ouvrir sans son aide. » C’est ainsi que René Turgeon, vice-président de Missinaibi Drilling Services, une entreprise de forage entièrement autochtone près de Timmins dans le Nord-Est ontarien, voit l’action du CCCA.

Organisme sans but lucratif visant à solidifier et à améliorer l’économie autochtone en Ontario, mais aussi au Canada, le CCCA s’est vu octroyer fin juillet un montant de 110 000 $ par le gouvernement ontarien, en provenance du fonds L’Ontario ensemble.

Près de 500 entreprises autochtones et non autochtones sont membres du CCCA à travers la province.

« En nous associant au Conseil canadien pour le commerce autochtone, nous permettons à des entreprises autochtones d’avoir accès à des renseignements, à de la formation et à des programmes utiles qui les aideront à reprendre leurs activités en sécurité et rapidement», a souligné par communiqué le bureau du ministre du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce, Vic Fedeli.

Trouver du financement

Pour sa présidente et directrice générale, Tabatha Bull, l’un des rôles du CCCA est de renseigner ses membres autochtones, métis, inuits, mais aussi non autochtones quant aux différents programmes gouvernementaux ou autres auxquels ils pourraient avoir droit.

L’organisme a réalisé un sondage pancanadien en avril et mai afin de mieux cerner les difficultés auxquelles ses membres font face. Quelque 838 professionnels autochtones y ont répondu.

Le rapport souligne notamment que 91 % des entreprises autochtones ont subi des impacts négatifs en raison de la pandémie, comme une baisse de revenus, une diminution de la demande pour les produits ou services fournis ainsi que l’annulation forcée de rencontres et événements.

Près de 50 % des entreprises sondées ont indiqué qu’elles planifiaient demander de l’aide gouvernementale, mais les délais pour accéder au financement ont été accentués par la COVID-19.

« Vous savez, 30 jours sans financement, ça peut être dramatique pour des petites et moyennes entreprises », mentionne Tabatha Bull.

Pandémie ou non, elle souligne que les entrepreneurs autochtones ont souvent plus de difficultés à trouver du financement pour démarrer leur entreprise : « Ce n’est pas toujours évident de trouver du capital de risque. Parfois, nos clients ne savent pas qu’il existe du financement provenant de banques traditionnelles. Et enfin, selon la Loi sur les Indiens, ceux-ci ne peuvent être propriétaires de leurs terres, donc ils ne peuvent les donner en garantie. »

En fait, l’article 20 de la Loi sur les Indiens stipule « qu’un Indien n’est légalement en possession d’une terre dans une réserve que si, avec l’approbation du ministre, possession de la terre lui a été accordée par le conseil de la bande ».

L’entrepreneur René Turgeon, membre de la Première Nation de Brunswick House, se réjouit que son entreprise s’en sorte bien, malgré que la pandémie ait occasionné des dépenses supplémentaires, comme l’achat de masques. Le soutien du CCCA lui aura permis « d’être mis en contact avec des clients potentiels. Le logo du CCCA est très connu!» félicite-t-il.

Un prochain événement virtuel

Tabatha Bull considère que le 110 000 $ octroyé demeure une somme relativement modeste « par rapport à tout le travail que nous devons faire ».

La subvention permettra notamment d’améliorer la plateforme de ressources en ligne du CCCA, Tools & Financing for Aboriginal Business. On y trouve des guides pratiques, de la formation, des réseaux et un forum pour créer des liens et partager des pratiques exemplaires.

Bien que la COVID-19 ait contraint le CCCA à annuler certains événements, sa PDG tient à mentionner qu’un forum virtuel important aura lieu le mercredi 16 septembre prochain : le Business Recovery Forum.

Sous le thème « Reconstruire notre économie ensemble », cette rencontre virtuelle devrait permettre aux participants d’échanger sur les moyens innovants qu’ils ont trouvés pour prospérer malgré la pandémie. 

Le Forum mettra aussi l’accent sur les femmes autochtones entrepreneures, la promotion des entreprises à l’ère virtuelle, ainsi que sur l’accès au financement pour les entreprises autochtones. Les intéressés sont invités à s’y inscrire sur le site Web du CCCA.

SOURCE : André Magny — Initiative de journalisme local – APF – Ontario

PHOTO (crédit : courtoisie CCCA) : Tabatha Bull, PDG du Conseil canadien pour le commerce autochtone dont le siège social est à Toronto.