Si le Premier ministre Stephen Harper s’applique à dissimuler ses visites dans les régions du pays derrière des annonces gouvernementales et non partisanes, Thomas Mulcair, pour sa part, ne s’en cache pas. Il y a définitivement un côté électoraliste dans la tournée qui l’a amené à Windsor le 20 mai dernier. 

Mais là ne s’arrête pas la différence entre MM. Harper, Trudeau et Mulcair qui n’hésite pas à placer les deux premiers dans le même panier. Selon lui, ils en sont encore à faire de la vieille politique diviseuse. Pour Thomas Mulcair, ses adversaires sont beaucoup plus en faveur de réductions d’impôts pour les grandes entreprises au détriment d’un appui aux petites et moyennes entreprises (PME) qui « créent plus de 80 % des nouveaux emplois au pays. C’est pourquoi nous proposons une importante réduction d’impôts pour ces entreprises ». 

Après avoir causé la surprise lors du dernier scrutin en devenant l’Opposition officielle, le Nouveau Parti démocratique (NPD) aspire maintenant à former le prochain gouvernement canadien. Directement dans la lignée de la stratégie mise de l’avant par l’équipe de Jack Layton il y a quatre ans, le parti entend véhiculer le message qu’il est à l’écoute du vrai monde à qui il propose des actions derrière lesquelles la majorité des Canadiens se regroupent : retrait des troupes canadiennes de l’Irak, création d’un programme national de garderies, une promesse qui est dans l’air depuis trois décennies et qui n’est pas encore réalisée. 

« Nous allons mettre sur pied un programme qui permettra de créer des garderies à 15 $ par jour, dit-il. Nous allons nous inspirer du modèle québécois qui fonctionne très bien ». À l’heure actuelle, en Ontario, on estime à environ 40 $ par jour le montant à verser par les parents pour chaque enfant (50 $ par jour pour les nourrissons et une trentaine de dollars pour les préscolaires). 

Depuis l’élection d’un gouvernement néo-démocrate en Alberta, M. Mulcair aime rappeler qu’à l’instar des résidents de cette province, l’ensemble des Canadiens désirent maintenant installer des gens progressistes aux commandes du gouvernement et, en ce sens, il est convaincu que le résultat historique dans la province la plus riche du pays indique bien que les attentes des gens ont changé et que son parti représente le meilleur choix pour les électeurs. 

En soirée, dans un bar de Windsor, pas moins de 300 partisans ont eu l’occasion de rencontrer celui qui va mener les troupes l’automne prochain. Visiblement à l’aise dans cet environnement conquis d’avance, le chef du parti a passé plusieurs minutes à serrer des mains et à se faire photographier avec des partisans venus des milieux syndicaux, scolaires, communautaires, etc.

Il s’est ensuite adressé aux militants en les invitant à mettre la main à la pâte lors de la prochaine campagne électorale. Il s’est également adressé en français aux gens et s’est engagé à ramener le financement pour Radio-Canada et CBC. 

Photo: Jean Sauvé (à gauche) et Thomas Mulcair