Originaire du village de Rivière-
aux-Canards, au sud de Windsor, Mae Caron est très engagée auprès des aînés et de la communauté francophone. Rencontre avec une femme batailleuse et persévérante.

Son mari et elle ont décidé de s’établir à Pain Court après leurs études à Ottawa pour offrir un enseignement en français à leurs enfants. Au début des années 1960, c’était la seule école secondaire de de l’Ontario, avant même que la loi permette l’instruction en français. Comme plusieurs régions du Sud-Ouest, « Pain Court était francophone avant, aujourd’hui moins ».
Dès son tout jeune âge, Mae Caron a appris à être utile dans sa famille. Ayant un frère de 15 ans son cadet, elle a vite appris à aider sa mère. « Je rentrais de l’école et je m’occupais de mon frère, et ce, jusqu’à ce que je me marie », raconte-t-elle.
Par la suite, c’est auprès de sa propre famille qu’elle se dévoue entièrement. « En trois années et demi, j’ai eu cinq enfants. J’ai donc décidé de quitter temporairement l’enseignement. Je voulais me consacrer à mes enfants et leur apprendre le français », précise l’enseignante qui a fait carrière pendant 23 ans.
De retour sur le marché du travail, c’est à l’école Jean-Newman de Chatham qu’elle ouvre une première maternelle-jardin francophone.
« Je me disais : comment je vais apprendre aux anglophones à apprendre le français sans dire un mot d’anglais? », s’exclame la dame en riant. Avec la rigueur, l’imagination et la constance de Mme Caron, 51 petits anglophones ont appris le français cette année-là, jusqu’à ce qu’on ouvre l’école francophone Ste-Marie de Chatham, où elle a poursuivi sa carrière.
Lorsque Mme Caron constate autant d’enthousiasme pour l’apprentissage du français, elle s’en réjouit. « C’est un atout de parler deux langues pour travailler. Le plus que tu en connais pour aider les gens, mieux que c’est, dit-elle, confiante en l’avenir de la francophonie de la région. Je ne suis pas tannée de me battre parce que je vois les enfants qui parlent encore la langue. Ça marche, ça vaut la peine! Faut pas abandonner! »
Retraitée, elle n’arrête pas de s’investir auprès de sa communauté. La liste de ses activités bénévoles est longue. Elle est la première femme à devenir présidente du club de l’âge d’or de Pain Court, le Club de l’Amitié.
Parmi les activités organisées, elle parle fièrement du don de 1600 $ des membres et paroissiens qui a permis de faire construire deux puits dans un village en Inde.
Mme Caron fait aussi du bénévolat en soins palliatifs, elle travaille à la paroisse quatre jours sur sept. D’ailleurs, depuis 18 ans, Mme Caron y est agente de pastorale. À l’automne, à raison de quatre soirs par semaine, elle enseigne le cours de confirmation à trois classes de 8e année.
« Je n’ai pas le temps de partir en vacances! Moi, du bénévolat, ça me fait du bien. Être là pour les autres, les encourager, j’aime ça. Je peux faire ça 24 h par jour. Je m’oublie complètement pour les autres », affirme celle qui reçoit également sa famille tous les dimanches. Son mari, François Caron, corrobore : « Elle donnerait sa chemise ».
La femme a aussi été directrice du Centre communautaire de santé de Chatham pendant trois ans. « Je devais coordonner et faire connaître les services de santé disponibles. J’ai été choisie pour aider les aînés qui préfèrent avoir des services en français. C’était plus facile pour eux », précise-t-elle.
Malgré sa grande implication et son dévouement, l’humble femme mentionne que sa plus grande fierté demeure sa descendance et ses racines francophones profondes et solides.
« J’ai 10 petits-enfants et 4 arrière-petits-enfants qui parlent français. Mon plus jeune garçon est parti au Québec, tellement ancré dans sa culture francophone parce qu’il nous a vus se battre toute notre vie pour notre culture française. »
Mme Caron a façonné l’histoire francophone du Sud-Ouest ontarien par son dévouement. Elle avoue même qu’elle aide les autres au point de s’oublier.
« Tant que j’aurai la santé, je suis prête à continuer de faire du bénévolat, mentionne la dame expressive. Je ne suis pas prête du tout de m’arrêter! Je ne peux pas! Je veux partager ce que j’ai pour faire du bien autour. »
Elle prend tout de même du temps pour lire, peindre et écrire. « Je suis en train d’écrire mon autobiographie Vie d’amour inconditionnel. Celle qui espère être un bon exemple pour les gens autour de soi aura réussi.

Marie-Ève Boudreault