Dans le cadre des commémorations prévues à Windsor-Essex pour le Mois de l’histoire des Noirs, le maire de Windsor Drew Dilkens et le conseiller municipal Fabio Costante se sont réunis le mardi 2 février avec des membres de la communauté sur la plateforme Zoom pour célébrer la nomination du parc Mary E. Bibb dans le quartier Sandwich.
Le conseil municipal avait approuvé la requête de l’organisme Friends of the Court pour renommer le petit parc qui s’appelait auparavant Mackenzie Hall, situé tout près de l’édifice historique.
Ce dévoilement est significatif et reconnaît l’apport d’une pionnière de la communauté noire en cette période de l’année où l’on célèbre, partout en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde, des Noirs qui ne devraient jamais être oubliés, et pour engager un dialogue constructif pour combattre le racisme systémique dans notre société.
Au cours des dernières années, la Ville de Windsor a beaucoup investi pour raconter les histoires du quartier Sandwich, y compris la mise en place de l’Arche de Sandwich et le monument Tecumseh Brock et, récemment, le dévoilement des murales de l’histoire des Noirs au parc Paterson. Le vieux quartier Sandwich est d’une grande richesse culturelle et historique.
« Suite à une requête du groupe de bénévoles de Friends of the Court de Mackenzie Hall et avec l’approbation unanime du conseil municipal, je suis fier que nous ayons renommé ce par Mary E. Bibb, indique Drew Dilkens.
« C’est en hommage à une éducatrice et abolitionniste née aux États-Unis qui est considérée comme la première femme journaliste noire au Canada, qui était impliquée dans des activités anti-esclavagistes et qui avec son mari Henry, à partir du quartier Sandwich, ont utilisé leur journal pour aider les défenseurs du Chemin de fer clandestin. « Windsor était reconnue historiquement comme un endroit où les personnes à la recherche d’une vie meilleure pouvaient trouver refuge. Mary Bibb a aidé à façonner notre communauté, et nous lui rendons hommage tout en continuant d’appuyer et encourager la richesse culturelle de Windsor. »
L’histoire de Mary Elizabeth Bibb
Fille de parents Quaker noirs libres, Mary Elizabeth Bibb (1820-1877) est née dans le Rhode Island. Elle a étudié à la Massachusetts State Normal School à Lexington (aujourd’hui Framingham State University), obtenant son diplôme en 1843. Le directeur de cette école était Samuel Joseph May, qui a soutenu les droits des femmes et l’éducation des Noirs.
Elle a été l’une des premières enseignantes noires d’Amérique du Nord et a enseigné dans des écoles de Boston, Albany, New York et Cincinnati. Elle s’est impliquée dans des activités anti-esclavagistes et, en 1847, a rencontré Henry Bibb, un esclave en fuite et abolitionniste.
Elle est devenue la deuxième épouse de M. Bibb en juin de l’année suivante. Après l’adoption de la Fugitive Slave Act en 1850, le couple déménagea à Canada-Ouest, s’installant d’abord à Sandwich, puis à Windsor. Ils ont fréquemment accueilli des fugitifs chez eux qui étaient arrivés à Windsor par le biais du Chemin de fer clandestin.
En 1851, ils ont commencé à publier Voice of the Fugitive, le premier grand journal destiné aux Canadiens noirs.
Mary et Henry Bibb faisaient également partie de la direction de la Refugee Home Society qui a aidé d’anciens esclaves à s’installer au Canada, en leur fournissant des terres et en construisant des écoles et des églises. Mary a aussi enseigné à l’école, éduquant les enfants et les adultes.
En 1851, les Bibb organisèrent un congrès nord-américain à Toronto sur la manière dont les Noirs américains et les Canadiens libres devraient réagir à la Fugitive Slave Act.
Le 9 octobre 1853, le bureau du journal Voice of the Fugitive fut mystérieusement incendié. Mary et Henry ont essayé de le faire revivre, mais ce dernier est décédé subitement à l’été 1854 à l’âge de 39 ans.
Quelque temps après 1855, Mary Bibb épousa Isaac N. Cary. Elle exploita un magasin à Windsor de 1865 à 1871. Après la mort de son marie, elle est retournée aux États-Unis, à Brooklyn, New York, où elle est décédée en 1877.
PHOTO – Drew Dilkens, maire de Windsor