Le 15 janvier dernier, Shafika Alnazzal retrouvait ses deux fils Jean et Antoun Almavdini arrivés au Canada une semaine avant elle, au terme d’un long voyage qui les aura menés de leur Syrie natale au Liban puis finalement, à titre de réfugiés, à Windsor. La petite famille a pu bénéficier du parrainage de parents déjà installés dans la région et qui ont réussi à rassembler la somme nécessaire pour satisfaire les normes du gouvernement.
Il faut préciser que d’entrée de jeu, ce n’est pas bon marché pour les familles qui désirent accueillir ceux des leurs qui ont dû fuir la Syrie en raison de la guerre civile et des confrontations avec le Groupe armé État islamique.
Tawfik Alzanal, le frère de Shafika, s’est occupé de mettre en place les conditions financières nécessaires pour que le projet de retrouvailles familiales fonctionne. Il a reçu l’aide de Keren Mendez et de Samar Khayat, des travailleurs en établissement du Collège Boréal, pour compléter les documents nécessaires pour faire avancer la demande.
« Il s’agit de beaucoup de paperasse, souligne-t-il, et ce n’est pas simple quand on pense qu’une erreur peut retarder tout le processus. »
Cependant, les papiers complétés et les 23 000 $ exigés pour couvrir les frais de subsistance de trois personnes pour une année complète recueillis, les choses se sont mises en mouvement. La famille était déjà déménagée au Liban afin de faciliter le traitement de son dossier.
« Cela a été très difficile pour nous, indique Mme Alnazzal. Au Liban, nous sommes parvenus à trouver une chambre dans une église et, en cela, je dois dire que nous avons été très chanceux. Cependant, au Liban, il n’y a pas de travail pour les personnes syriennes. Malgré cela, Antoun a réussi à trouver un peu de travail, ce qui a aidé car la vie est très chère là-bas. »
L’argent de ce travail ajouté à celui que la famille installée au Canada leur faisait parvenir a permis de tenir le coup pendant les 11 mois qu’ont duré les démarches. « Onze mois, c’est très rapide même si, pour ceux qui attendent une réponse, cela paraît interminable, mentionne Samar Khayat.
Pour les réfugiés qui sont parrainés par les Nations Unies, le délai varie de deux à cinq années. »
Comme plusieurs milliers d’autres réfugiés, ils sont d’abord arrivés à Toronto. Ils ont été charmés dès leur arrivée par la qualité de l’accueil, la chaleur manifestée par les intervenants. S’ils ont découvert la neige, c’est surtout du sentiment de sécurité éprouvé à l’arrivée et depuis qu’ils sont le plus conscients. Pour sa part, Mme Alnazzal voyageait seule puisque ses fils étaient déjà au Canada.
Arrivée à Toronto donc et après les formalités d’usage, elle est dirigée vers son hôtel où elle a passé une nuit blanche. « Je n’ai pas dormi durant trois jours à cause du décalage horaire », dit-elle, mais également en raison des sentiments mitigés qui devaient être les siens après avoir été forcée, avec sa famille de quitter son pays pour se retrouver avec le défi de se faire une nouvelle vie, sans oublier la joie anticipée de revoir ses fils et sa famille installée à Windsor.
Cette nouvelle vie, il faut maintenant s’y atteler. L’apprentissage de l’anglais est la priorité pour les trois membres de la famille, surtout pour la mère qui dit ne parler ni anglais ni français. Les fils se débrouillent mieux à cet égard mais, s’ils veulent reprendre leurs études, leur niveau de compétence doit s’améliorer.
Pour l’instant, Shafika et ses fils sont installés à la résidence du frère de Mme Alnazzal. « Ça fait beaucoup de monde, et ça prend une grande table », confie celui qui a vu son projet d’accueillir sa famille se réaliser. La famille remercie tous ceux qui l’ont accompagnée dans cette démarche et qui ont permis la réunion familiale.
Photo: De gauche à droite : Tawfik et Jean Alnazzal, Keren Mendez, Shafika Alnazzal, Samar Khayat et Antoun Alnazzal