La nouvelle a eu un effet important dans la communauté franco-ontarienne : plus de 40 000 pupitres (1 sur 3) seraient inutilisés dans les conseils scolaires francophones. Les régions du Nord de la province sont les plus touchées par ce phénomène alors que les familles émigrent de plus en plus vers le Centre-Sud-Ouest et l’Est de l’Ontario. Dans le Centre-Sud-Ouest la situation se présente différemment. Dans la grande région de Toronto, la plupart des écoles sont pratiquement remplies et plusieurs sont surpeuplées.

Pour le Conseil scolaire catholique Providence, la situation se présente sous un jour favorable en regard des taux d’occupation de ses différentes écoles élémentaires et secondaires. On y retrouve quatre écoles qui sont en situation de surpopulation : Sainte-Marie (Chatham-Kent à 126 %), Georges-P.-Vanier (Windsor à 106 %), Ste-Thérèse (Windsor à 126 %) et Monseigneur-Jean-Noël (Windsor à 122 %). Plusieurs des écoles du Conseil se retrouvent dans la catégorie présentant des taux d’occupation de 85 % et plus. Une bonne partie de ce succès repose sur les campagnes des promotion ciblées et dynamiques réalisées depuis quelques années durant la période de recrutement. De plus, comme la région de Windsor est celle qui accueille proportionnellement le plus d’immigrants francophones, cela vient ajouter des inscriptions dans les écoles francophones catholiques de la région.

Du côté du Conseil scolaire Viamonde, la situation se présente comme suit selon Claire Francoeur, directrice des communications et du marketing. « Nous sommes présentement à valider les chiffres fournis dans le reportage de Radio-Canada, dit-elle. Globalement, nous avons constaté une différence de plus de 2000 places-élèves entre leurs données et celles dont nous disposons. Dans les faits, il y a peu d’écoles où nous disposons d’espaces excédentaires. Par exemple, à l’école L’Envolée où on nous parle d’un taux d’occupation de 54 %, nous ne disposons d’aucun local libre. Il ne faut pas oublier que l’édifice abrite également la garderie des Petites mains et les locaux de l’Université d’Ottawa. Ces locaux ne sont pas disponibles pour nos élèves ». C’est d’ailleurs en prévision de besoins croissants que le Conseil a fait valoir son intention d’acheter une autre école pour les élèves de l’élémentaire à Windsor. Le cas de l’école secondaire Michel-Gratton, qui en est à sa troisième année d’opération, est différent puisqu’il s’agit d’une école en croissance et, dans ce cas, les chiffres rapportés sont consistants avec la réalité selon Mme Francoeur (129 élèves sur 350 places disponibles). Du côté de London les écoles La Tamise et Marie-Curie sont utilisées à pleine capacité et, à Sarnia, l’école élémentaire Les Rapides a un taux d’occupation de l’ordre de 75 %.

La disparité entre les besoins et les équipements est une réalité quotidienne,  particulièrement dans une région comme celle couverte par les deux conseils scolaires. En entrevue, récemment, le président du Conseil Providence, Didier Marotte, rappelait que les subventions accordées pour construire ou agrandir des écoles s’avéraient toujours insuffisantes puisqu’elles étaient accordées en raison des besoins réels au moment de l’étude du dossier. Une fois le dossier analysé, approuvé et les travaux réalisés, on se retrouve avec des équipements quasiment remplis à capacité.

Afin de rationaliser les allocations en équipements immobiliers, le ministère de l’Éducation incite les conseils francophones publics et catholiques à faire des rapprochements lorsque c’est possible. C’est notamment le cas à Sarnia alors que les élèves de l’École secondaire catholique Saint-François (taux d’occupation de 69 %) côtoient ceux de l’École secondaire publique Franco Jeunesse (taux d’occupation de 22 %). De plus, le Ministère aimerait également voir des écoles françaises et anglaises occuper les mêmes installations, une idée à ce jour généralement contestée. Dans ce dernier cas, pour le gouvernement, il s’agit de contrer la baisse de fréquentation dans certains conseils anglophones, menant inéluctablement à la fermeture d’écoles pendant que les conseils francophones continuent de croître. Cependant, le Conseil Viamonde a pour politique de créer des partenariats au terme desquels les deux parties vont trouver des avantages. Il existe d’ailleurs un projet conjoint à Hamilton avec le conseil anglophone où le Ministère subventionnera une très grande école secondaire de 1000 places pour les anglophones et 500 places pour les élèves de Viamonde. « Chacun va avoir ses locaux, ses gymnases, sa cafétéria mais, les fondations, le système de chauffage et l’électricité, par exemple, seront partagés. C’est la seule manière de réaliser des économies d’échelle. »

Ce débat se poursuivra au cours des prochains mois d’autant plus que d’ici 2020, les statistiques prévoient que plus de la moitié des francophones en Ontario vont demeurer dans le Centre et le Sud-Ouest.