Tout au long de février, un peu partout au pays, différentes activités et manifestations ont souligné l’histoire des Noirs. Pour retracer l’origine du Mois de l’histoire des Noirs, il faut remonter à 1926, année où l’on instaura la Negro History Week à l’instigation de l’historien afro-américain Carter G. Gordon. Il s’agissait à l’époque de souligner l’apport des Afro-américains au développement des États-Unis et de faire mieux connaître leur histoire. Cette semaine commémorative s’est implantée au Canada peu après.

Au fil des ans, l’appellation de même que la durée de ce moment réservé à l’histoire des Noirs changent. Du côté américain, ce sera la Black History Week jusqu’en 1976. Par la suite, on voit apparaître le Mois de l’histoire des Noirs, appellation qui dure jusqu’à aujourd’hui.

Au Canada, en 1995, la Chambre des communes reconnaît officiellement et à l’unanimité février comme étant le Mois de l’histoire des Noirs au pays. Finalement, le 4 mars 2008, la Motion visant à reconnaître les contributions des Canadiens noirs et le mois de février comme le Mois de l’histoire des Noirs est adoptée.

Les Noirs sont associés à l’histoire du pays depuis les débuts de la colonisation par les Français avec l’arrivée de Mathieu Da Costa, d’origine africaine, qui accompagnait Samuel de Champlain. Da Costa était un interprète multilingue qui parlait entre autres le français et l’anglais. Cette facilité à apprendre les langues s’est avérée un atout précieux entre le peuple Mik’maq et les Français.

Si Da Costa avait un statut particulier, par contre, au cours des années 1600, des centaines d’Africains ont été amenés ici pour y être réduits en esclavage. Il faudra attendre 1793 au Haut-Canada (aujourd’hui l’Ontario) pour que l’esclavage soit aboli.

Dans notre région, on connaît généralement l’histoire du chemin de fer clandestin qui a permis à des esclaves noirs américains de venir s’installer notamment dans le secteur de Sandwich et dans la région de Chatham-Kent. On aime considérer cet épisode comme constitutif de l’identité inclusive des Canadiens. Cependant, il suffit de retourner un peu dans l’histoire pour constater que dès le début la colonisation, la région s’est appuyée sur la présence d’esclaves noirs et autochtones.

Une partie de l’exposition permanente de la Maison François-Baby y fait référence. On y raconte qu’en 1701, Cadillac était accompagné de soldats, de colons et d’une douzaine d’esclaves africains et autochtones (appelés Panis). Au XVIIIe et au début du XIXe siècle, on dénombrait 528 esclaves autochtones et 128 esclaves noirs dans la région de Détroit. Cela peut surprendre de nos jours mais, à l’époque, l’esclavage était une solution acceptable pour régler le problème de manque de main-d’œuvre locale et les premières familles françaises qui pouvaient se le permettre possédaient des esclaves.

De nos jours, plus personne ne remarque les concitoyens de race noire dans la région. Ils sont là depuis toujours, semble-t-il, et, dans ce cas, c’est une vérité historique. Dans la communauté francophone, ils sont de plus en plus nombreux à s’intégrer et participer à la vie communautaire. Le Centre d’orientation pour les adolescents du Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent (CCFWEK) est un rouage important de cette intégration. Le vendredi 28 février, à compter de 16 h au 395, chemin Tecumseh Ouest, des activités spéciales marqueront le Mois de l’histoire des Noirs pour ces jeunes francophones arrivés ici depuis peu. Musique, danse, mets traditionnels africains sont au programme.

PHOTO: Des murales comme celle-ci parlent de la présence des gens venus d’Afrique dans la région.