À première vue, Mory Traore, 17 ans et élève à l’école secondaire de Lamothe-Cadillac, est un jeune homme comme les autres qui ont le même âge. Puis, on apprend qu’il est un immigrant récent, arrivé au Canada il y a 18 mois après avoir grandi en Côte d’Ivoire. Il fait donc partie de ce bloc de 25 % de résidents de Windsor qui sont nés ailleurs, une facette de la démographie locale qui a été mise à l’avant récemment dans le dossier conjoint présenté avec Détroit pour obtenir le deuxième siège social de la compagnie Amazon.

Pendant que la plupart de ses amis profitaient de la semaine de relâche, Mory Traore participait à la  rencontre Dreams Work, à titre de panéliste, organisée par le New Canadian Centre.

« J’ai été invité par le New Canadian Centre à un événement organisé pour les nouveaux arrivants, précise l’adolescent. Durant cette journée, on a parlé des différents problèmes qu’ils rencontrent et également des solutions que l’on peut apporter en tant que nouvel arrivant au Canada. »

Certains défis ou problèmes ont été identifiés lors de la rencontre. « Premièrement, il y a la barrière de la langue. Lorsqu’on arrive à Windsor, on constate que l’anglais est la première langue. On a parlé de l’emploi. Les nouveaux arrivants ont du mal à trouver leur premier travail car ils ne savent pas comment fonctionne le système canadien. »

Le stress d’arriver dans un nouvel environnement a également été un problème soulevé par les participants.

Du côté des solutions, ils ont soulevé le fait qu’il y a tellement de programmes et d’organismes qui viennent en support aux immigrants que ces derniers se sentent débordés. « Comme solution, on a suggéré de mieux identifier les intervenants, rapport Mory. Il faudrait mieux orienter les interventions de manière à aider les nouveaux arrivants. »

En évoquant l’accueil qu’il a reçu à l’école de Lamothe-Cadillac, « c’était la première fois que je trouvais une communauté dans laquelle il n’y a pas vraiment de différence, une communauté dans laquelle tout le monde est égal et tout le monde est prêt à aider son prochain, se rappelle-t-il. C’est ce qui m’a donné la force de vouloir vraiment vivre ici ».

Mory Traore n’a que de bons mots pour le système d’enseignement tel qu’il fonctionne ici et il note au passage la grande liberté d’expression que l’on y trouve : « Les enseignants font vraiment tout ce qu’ils peuvent pour t’aider à t’épanouir et développer ta propre personnalité ».

Propriétaire de MTT Enterprise, l’adolescent aspire à apporter quelque chose à la communauté et c’est avec cette vision en tête qu’il a mis en place son entreprise. « Pour moi, quand la communauté nous donne, on doit également redonner. J’offre donc des services de création d’application mobile, de sites web et des services en sécurité informatique. Avant de me lancer, j’ai reçu beaucoup d’appui à l’école et de Husam Chehada, mon enseignant, qui m’a donné des conseils. J’ai reçu une subvention qui m’a permis de lancer mon entreprise ». Les journées du jeune homme sont donc particulièrement bien remplies puisque, de retour à la maison vers 15 h, il travaille pour son entreprise une partie de la soirée avant de se plonger dans ses travaux et études scolaires.

Une des valeurs phares de Mory Traore est l’éducation. Questionné à savoir quel choix il ferait dans l’éventualité où son entreprise deviendrait si florissante qu’elle le forcerait à remettre en question la poursuite de ses études, la réponse est simple. Il privilégierait la poursuite de ses études, quitte à déléguer des tâches.

« Pour moi, l’éducation est une valeur inestimable, dit-il. Plus j’étudie, plus j’acquiers des connaissances et plus je peux développer une entreprise. »

 

PHOTO: Mory Traore