Le 15 avril dernier, Toyota annonçait qu’elle allait déménager l’assemblage de ses véhicules Corolla, parmi les plus populaires au pays, dans une usine toute neuve qu’elle érigera au Mexique au coût de deux milliards de dollars. À l’automne 2014, Ford rendait publique sa décision d’installer son usine de fabrication de moteurs pour des véhicules légers au Mexique, sonnant ainsi le glas des espoirs de Windsor dans ce dossier.
Il y a un peu plus d’un an, Chrysler annonçait qu’elle renonçait à l’idée d’obtenir une aide du gouvernement de l’Ontario pour équiper son usine de Windsor d’outils de la prochaine génération, jetant un grand froid dans la population locale quant à l’avenir de l’unité de production située sur la rue Tecumseh depuis des décennies. Pendant ce temps, d’ici la fin de l’année, l’usine GM d’Oshawa perdra la fabrication de la Camaro et fermera probablement une de ses deux usines dans la région avant longtemps.
La journée même où Toyota faisait son annonce, l’analyste automobile Dennis DesRosiers en rajoutait une couche en prédisant que, si rien n’est fait pour doter le Canada d’une politique nationale de l’automobile, il se pourrait bien qu’entre 2030 et 2040, le secteur en soit réduit à une peau de chagrin. Il fonde ses observations sur le caractère cyclique de cette industrie, majeure pour la région, l’Ontario et le pays : « À chaque fois que nous avons connu un recul dû au caractère cyclique de l’industrie, nous avons perdu de la capacité à produire ».
Il rappelle que l’Australie, où pas moins de six fabricants d’automobiles ont déjà eu des usines verra deux des trois seules restantes fermer leurs portes en 2017. Le parallèle avec le Canada qui perd régulièrement des usines au profit du sud des États-Unis et du Mexique vient immédiatement à l’esprit.
Selon M. DesRosiers, plusieurs réalités canadiennes sont en cause dans ce dossier : les coûts de main-d’œuvre, les différentes réglementations gouvernementales, la fiscalité, les délais encourus dans la construction du nouveau lien transfrontalier avec les voisins américains – le plus important marché automobile au monde – et l’absence d’infrastructures portuaires sont au nombre des raisons qui militent en faveur des sites de production à l’extérieur du Canada. De plus, les gouvernements des États du sud et du Mexique se montrent très agressifs lorsque vient le temps de faciliter l’installation de nouvelles usines sur leurs territoires.
Pendant ce temps, au Canada, les décideurs politiques se font de plus en plus frileux.
Selon M. DesRosiers et plusieurs autres acteurs du secteur, le temps commence à manquer pour introduire une nouvelle politique nationale de l’automobile qui tiendrait compte de tous ces facteurs. Une telle politique est demandée par l’industrie, les syndicats et les milieux économiques concernés depuis une quinzaine d’années.