Tous les ans depuis 1996 au Canada, le mois de février est reconnu comme le Mois de l’histoire des Noirs (MHN). Des célébrations, conférences, spectacles et autres activités sont habituellement présentés tout au long du mois pour reconnaître la contribution des Canadiens noirs à la colonisation, à la croissance et au développement du Canada, ainsi que la diversité des communautés noires et leur importance pour l’histoire du pays.

Cette année, la pandémie de COVID-19 vient chambouler les plans des comités organisateurs partout dans le monde car l’événement est aujourd’hui célébré dans les plus grands centres urbains en Amérique du Nord, en Afrique, en France, aux Caraïbes, en Amérique centrale et en Amérique du Sud. C’est en ligne principalement que les initiatives pour souligner le MHN auront lieu en 2021.

Un peu d’histoire

Entre 1800 et 1865, environ 30 000 Noirs sont arrivés au Canada par le « chemin de fer clandestin », un réseau de routes secrètes et de refuges sécuritaires utilisés par les esclaves africains pour s’échapper vers les États américains libres et le Canada avec l’appui des abolitionnistes et de leurs alliés.

En 1815, les anciens combattants noirs de la guerre de 1812 ont reçu des concessions dans le canton d’Oro, mais une grande partie de la terre n’était pas adaptée à l’agriculture et un grand nombre d’entre eux ont constaté qu’ils devraient chercher un emploi ailleurs. D’autres collectivités comme Amherstburg, Chatham, London, Woolwich et Windsor, Owen Sound et Toronto ont également connu une croissance pendant cette période.

Au début des années 1850, deux importants journaux abolitionnistes ont été fondés au Canada pour appuyer le mouvement mondial anti-esclavagiste. Fondé en 1851 par Mary et Henry Bibb à Windsor, The Voice of the Fugitive parlait du « chemin de fer clandestin ». Fondé par Mary Ann et Isaac Shadd en 1853, publié à Toronto et plus tard à Chatham, The Provincial Freeman a fait de Mary Ann Shadd la première femme noire en Amérique du Nord à posséder et publier un journal.

Aujourd’hui, les communautés noires jouent un rôle important dans le Sud-Ouest ontarien et prennent une place de plus en plus importante au sein des communautés francophones. Chaque année, de nombreuses familles immigrantes sont intégrées dans les réseaux communautaire et scolaire. Issues de cultures diverses, elles ont toutefois la langue française en commun.

Pour commémorer le MHN, les organismes de la région concoctent actuellement des activités virtuelles en français. À Windsor, le Centre d’orientation pour adolescents offrira une panoplie d’activités à ses membres dont une soirée cinéma avec la projection du film Les Figures de l’ombre, une adaptation du livre éponyme sur l’histoire vraie de ces mathématiciennes noires qui ont joué un rôle majeur dans les débuts du programme spatial américain. Les ados pourront aussi participer à une soirée Jeopardy dont les questions du quiz porteront sur le Mois de l’histoire des Noirs.

À London, le Carrefour communautaire francophone participe aux activités présentées par le Comité de coordination de l’histoire des Noirs en organisant un Festival de nourriture africaine. Cet événement se tiendra le 19 février et permettra d’offrir à la communauté une expérience gastronomique et la possibilité de commander une étonnante sélection de nourriture africaine.

À Sarnia, le Centre communautaire francophone présentera plusieurs activités qui débuteront le 13 février sur Zoom à 18 h 15 avec le témoignage de Sadio Sissokho, issu d’une famille griot de renom. L’instrument de prédilection de Sadio, la kora (luth-harpe africaine), était aussi la spécialité de son père et de plusieurs de ses frères. En 2018 et 2019, avec la formation Okavando, il remporte le Juno du meilleur groupe de musique du monde au Canada.

Ce témoignage sera suivi d’un atelier de danse avec Henriette, de son vrai nom Dioman Jeanne Gbou. Mme Gbou est une danseuse professionnelle qui compte plus de 20 ans d’expérience et qui a fait ses débuts au sein de la Compagnie ADOSS de la Côte d’Ivoire en 1985.

Après 16 années de tournée mondiale pour le spectacle Dralion du Cirque du Soleil, où elle tenait le rôle de la Terre, elle s’installe à Montréal en 2008 et crée Kôtou Danse. Pour partager son expérience et ses connaissances, elle offre des cours de danse et de mise en forme pour les adultes et des ateliers pour les enfants dans les écoles.

Puis le 19 février à 18 h 30, il y aura une conférence avec Stella Adjoké qui parlera des succès et réalisations des personnes de la communauté noire. Elle fera une prestation de sa chanson Naturelle. Elle veut faire ressortir les croyances et les connaissances des gens sur la question, et les aider à développer un esprit critique et un sens de solidarité. Finalement, le 26 février à 18 h, M. Isaac de Windsor fera une démonstration interactive de musique africaine.   

PHOTO – Un monument de Mary Ann Shadd est installé au parc Freedom de Chatham.