Tous les parents désirent le meilleur pour leurs enfants. Il y a probablement eu une petite hésitation chez les parents de Dillon Orr lorsqu’il leur a annoncé qu’il voulait faire carrière au théâtre, un milieu où, s’il y a beaucoup d’appelés, il y a peu d’élus. Et pourtant, ce diplômé de la promotion 2009 de l’école l’Essor a fait son chemin et vit aujourd’hui de son engagement dans l’art dramatique.

Il était récemment dans la région à titre de juge du Festival de théâtre de l’École nationale de théâtre, niveau District 2018, présenté au Centre des arts Tecumseh-l’Essor.

C’est justement à l’Essor qu’il s’est découvert un intérêt et surtout une passion pour le théâtre. « Comme je parlais très bien en français, on m’a invité à participer aux activités théâtrales, raconte-t-il. C’est comme cela que cela a débuté. C’est ma troisième année à temps plein en théâtre. Je me concentre sur le théâtre, ce qui veut dire que je fais beaucoup de choses. Je fais principalement de la mise en scène, j’écris beaucoup aussi et je joue un peu.

« Je suis aussi éducateur, c’est-à-dire que je me promène beaucoup dans l’Est ontarien, mais un peu partout en Ontario aussi. Je donne de petites formations en théâtre aux étudiants et aux plus jeunes aussi et même aux nouveaux professeurs d’art dramatique. »

Son statut est donc celui de travailleur autonome, une forme d’entrepreneuriat exigeante mais qui permet de faire des choix et de progresser à son propre rythme. Dillon Orr a choisi de travailler strictement en français, un choix naturel pour lui.

« Ça roule bien jusqu’à maintenant même si ce n’est pas si évident de travailler dans ce domaine, surtout en Ontario français. Je réussis à remplir mon horaire dans la langue de mes ancêtres », ajoute-t-il.

Il existe un public que l’on peut identifier comme traditionnel pour le théâtre en français, mais l’immigration, quand elle se traduit par l’arrivée d’immigrants francophones, provoque un certain changement dans les habitudes des artisans du théâtre. Est-ce que les immigrants sont un nouveau public qui choisit spontanément le théâtre français?

Selon lui, l’initiative vient plutôt du milieu artistique. « De plus en plus, il y a une ouverture du milieu théâtral envers ces gens. Comme je travaille dans la région d’Ottawa, je peux surtout parler de cette expérience-là. Je travaille présentement avec une école élémentaire, dans un quartier défavorisé où il y a beaucoup de nouveaux arrivants. Chaque fois qu’il y a une pièce pour enfants à la Nouvelle-Scène, où on présente nos pièces, on les amène. »

Il y a un travail préparatoire qui se fait avant la représentation dans le cadre duquel on introduit la pièce puis, de retour en classe, il y a un suivi auprès des élèves. « On fait des ateliers après la représentation, avec les artistes. Il y a une grande ouverture et c’est quelque chose de nécessaire dans la francophonie ontarienne », confirme M. Orr.

Au cours des prochains mois, Dillon Orr consacrera son temps à deux projets. Le premier, pour les enfants de 4 à 8 ans, est présenté par la compagnie Vox Théâtre. Il y a également un spectacle pour les adolescents qui a été présenté en première au Centre national des Arts où il est demeuré un certain temps et qui sera bientôt offert au public montréalais avant de partir en tournée canadienne.

Le théâtre étudiant a beaucoup mûri au cours de la dernière décennie, et ce, sur tous les plans. Il reste cependant à apprendre aux jeunes qui montent sur scène à ne pas être gênés par leur accent, selon M. Orr.

« Aujourd’hui, il y a un mouvement qui dit qu’il faut être fier de son accent. Je trouve que ça va dans la bonne direction mais ce que je vois beaucoup chez les jeunes francophones, c’est qu’ils sont gênés de leur accent. S’ils assumaient leur accent sur scène, cela améliorerait la prestation. »

Une quinzaine de pièces soumises par huit écoles en plus d’un match d’improvisation ont été présentées dans le cadre du Festival. Les jeunes qui s’y sont engagés ont eu l’occasion de profiter des notes et commentaires d’un juge qui, il y a quelques années, faisait ses débuts dans le cadre du même événement. Certains diraient qu’il redonne au suivant, avec enthousiasme et passion.

 

PHOTO: Dillon Orr