Sur l’initiative du Comité local en immigration francophone Windsor-Essex-Chatham-Kent, le Réseau-femmes du Sud-Ouest de l’Ontario (RFSOO) a organisé une journée portes ouvertes à l’intention des femmes francophones de la région. Elles étaient une cinquantaine à venir réfléchir ensemble sur les voies et moyens pour atteindre les objectifs de développement durable, en particulier l’autonomisation de la femme en ce jour de la célébration de la Journée internationale des droits de la femme.
Selon Blandine Lesage, coordonnatrice du RFSOO à Windsor, plusieurs activités ont occupé les participantes toute la journée du 8 mars. Elles ont passé en revue à travers des exposés suivis de discussions plusieurs thèmes. L’historique de la Journée internationale des droits de la femme depuis ses origines lointaines jusqu’à son officialisation par les Nations Unies en 1977, l’égalité homme-femme, les innovations ayant changé la vie de la femme au cours du temps, et surtout le droit de vote des femmes ont meublé les échanges.
Une histoire de persévérance a été présentée dans une vidéo intitulée « Les graines de l’espoir ». Elle relate la vie d’une congolaise terrassée par la guerre civile de 1997, mais qui est parvenue à se prendre en charge. Il s’agit de maman Adrienne, ayant perdu presque tout dans la guerre y compris les siens, qui s’est lancée dans la culture de légumes à partir d’un simple jardin, jusqu’à atteindre des dimensions commerciales. « Je peux nourrir ma famille avec l’argent que je gagne du jardin. Quand je sors, je ne dois pas me soucier de compter sur un homme pour m’acheter des choses », raconte maman Adrienne dans la vidéo.
Certaines des participantes se réjouissent des droits et des libertés recouvrés mais se disent préoccupées de ce qui se passe encore ailleurs. « J’entends encore des histoires d’horreur de mes consœurs en Afrique qui sont battues et mêmes tuées, insiste une femme d’origine rwandaise sous le couvert de l’anonymat. Ici qui osera le faire ? Personne sinon il sera automatiquement mis en prison. Dieu nous a libérées ! »
Hawa Keita, d’origine ivoirienne est satisfaite. Pour elle, cette journée marque un nouveau pas dans la conquête de ses droits. « En Afrique, je ne savais même pas quoi faire. Il ne nous était pas permis de nous habiller comme nous le voulions. Ici j’ai fait un choix de porter le hijab comme je peux décider de m’en débarrasser. Personne ne m’y oblige. Je me sens en sécurité et libre », conclut-elle.
Atelier du 9 mars
Un atelier de sensibilisation sur la violence basée sur le genre auxquels font face certains nouveaux arrivants a eu lieu le samedi 9 mars au local du RFSOO. Les participants ont assisté à une présentation, riche et documentée sur la problématique de la violence basée sur le genre. Selon Mme Lesage, d’une manière générale, les femmes sont la cible due aux inégalités de pouvoir basé sur les rôles définies en fonction du genre. Les femmes immigrantes, refugiées et sans statuts sont les plus exposées à subir de telles violence. Cet état de fait est dû à plusieurs facteurs entre autres la barrière de la langue, la pauvreté et le chômage, l’isolation sociale, des traumatismes divers ainsi qu’au choc culturel pour ne citer que ceux là.
Les différents types de violence basés sur le genre les plus rapportés ont été abordés durant l’atelier, soit les violences physiques, verbales, sexuelles psychologiques, culturelles et spirituelles. Les participants à cet atelier sont appelés à s’engager afin de prévenir ces dangers qui minent certaines familles, notamment en supportant des victimes ou arrêter des incidents potentiels.
Abina Rubungenga Honorine était une des participantes. Elle dit avoir appris des informations intéressantes en matière de violence basée sur le genre mais également des mécanismes et ressources pour sa prévention. Elle ajoute que les violences faites aux hommes existent mais qu’elles sont moins visibles. En tant que bénévole à RFSOO, Mme Rubungenga s’engage à partager ces renseignements avec sa communauté.
TEXTE : Gabriel Nikundana