Si les plus vieux s’en souvenaient encore, plusieurs ont été surpris lorsque l’historien Guillaume Teasdale a commencé à décrire la vie à Windsor, au milieu du XIXe siècle, comme étant essentiellement française. D’ailleurs, en 2015, dans le cœur de la ville, des noms de rues tels que Drouillard, Ouellette, Pierre, Parent rappellent à tous cet héritage francophone. Il en va de même pour certaines églises et institutions d’enseignement. 

Ainsi, en 1865, l’église Saint-Alphonse (rebaptisée Saint-Alphonsus) – qui célébrera cette année son 150e anniversaire – sort de terre. Un an plus tôt, un groupe de citoyens avaient soumis une pétition au conseil scolaire de l’époque pour obtenir une école pour filles. Monseigneur Pinsonneault, alors évêque du Diocèse de Sandwich, fait venir quatre religieuses de la Congrégation des Sœurs des Saints-Noms-de-Jésus-et-de-Marie. Il leur a fallu quatre jours pour ouvrir une nouvelle école dans une maison située à l’intersection des actuelles rues Goyeau et University, sur le lot voisin de celui où est érigée l’église Saint-Alphonse. 

Cet arrangement est temporaire et, un an plus tard, pour répondre à la demande croissante, on érige un bâtiment sur un lot offert par Vital Ouellette. À l’époque, les cultivateurs et marchands francophones n’hésitaient pas à donner des parcelles de terrain aux autorités religieuses. François-Xavier Drouillard fera de même pour permettre l’érection de l’église Sainte-Marie-du-Rosaire dans Walkerville. 

En 1867, l’Académie Sainte-Marie ouvre donc ses portes. Dix ans plus tôt avait eu lieu la fondation du collège Assomption, qui deviendra rapidement une institution d’enseignement en anglais et sera plus tard au cœur de la création de l’Université de Windsor. 

L’établissement Sainte-Marie sera agrandi à trois reprises (1870, 1884 et 1904) afin de répondre à la demande. Le bâtiment est élégant et mérite rapidement le surnom de Palais de Windsor. Cette école pour filles privilégie les arts visuels, la musique et l’art dramatique. Rapidement, il devient un élément majeur de la vie culturelle de la communauté. Entretemps, la composition démographique de la ville change et les anglophones sont désormais majoritaires.

La modernité est également arrivée et, en 1926, le site occupé par l’Académie est retenu pour l’établissement du terminus frontalier du nouveau tunnel Windsor-Détroit, ce qui entraîne sa démolition. Il faut donc reconstruire. Ce qui est fait dans le secteur Windsor Sud. Cette nouvelle académie accueillera des élèves jusqu’en 1977 avant d’être démolie.

De nos jours, le site original de l’Académie est occupé par un bâtiment intégré au complexe frontalier. Une plaque raconte l’histoire de cette maison d’enseignement, rappellant l’importance de la présence francophone à Windsor il y a un siècle et demi. 

Photo: L’Académie Sainte-Marie, le Palais de Windsor, à l’époque où elle était voisine de l’église Saint-Alphonse.