Tom Sobocan

La coordonnatrice francophone des programmes éducationnels et publics de Art Windsor-Essex (AWE), Sophie Hinch, recevait à la galerie des membres de la communauté francophone et du Club Richelieu Windsor pour une visite guidée bilingue de l’exposition de l’artiste montréalais d’origine haïtienne Manuel Mathieu, puis celle du Groupe des Sept avec la directrice générale Jennifer Matotek.

La visite de 30 minutes était suivie d’une discussion dans le cadre du programme « AWE at Night » et intitulée Langue partagée, histoire parlée sur les œuvres de l’artiste bilingue Manuel Mathieu.   

La discussion était modérée par Emmanuelle Richez, professeure agrégée de science politique à l’Université de Windsor et conseillère scolaire chez Viamonde. Trois panélistes se sont prêtés à la discussion, soit Blandine Lesage (consultante en Conformité à la Loi sur les services en français et en planification stratégique des services en français), Tanja Collet Najem (cheffe du Département de français à l’Université de Windsor) et Alphonse Ngolo (président du Club Richelieu Windsor).

Plusieurs questions ont alimenté la discussion, la première était liée aux thèmes abordés par l’artiste Manuel Mathieu dans son travail, dont le déplacement, la diaspora, l’identité et l’appartenance. Les participants se demandaient si ces thèmes étaient pertinents également pour les francophones notre région?

Tour à tour, les panélistes ont parlé de leur vécu en appuyant ces thèmes, car ils étaient eux-mêmes des immigrants au Canada. Blandine Lesage a abordé la diaspora des Africains qui se sont installés ici. Tanja Collet-Najem, qui a fait le déplacement de son pays natal, la France, pour émigrer au Canada, et Alphonse Ngolo a même évoqué le livre de l’Exode dans la Bible où le Canada était la Terre promise, mais où le voyage et l’immigration n’étaient pas sans difficultés et sacrifices.

« Si nous parlons la même langue, nous venons de différents coins du pays/monde. La diaspora francophone de notre région est vaste et diverse. Quelle a été votre expérience ou quel est votre lien avec cette langue en relation avec notre région, demande Mme Richez. Pensez-vous que cette langue nous unit ou nous divise? Sommes-nous unis? Qu’est-ce qui nous divise?

Les panélistes ont répondu à ces questions en situant les francophones du Sud-Ouest ontarien dans leur réalité d’une minorité linguistique. Selon Mme Lesage, « On se bat pour des services en français ». Tanja Collet-Najem a ajouté : « Le français est la langue majoritaire en France, mais ici, c’est le combat linguistique ». Puis, Alphonse Ngolo a enchaîné en disant « la division des différents organismes et groupes francophones de la région nous désunit. Or, la langue doit nous unir, francophones et francophiles. Nous devons suivre la devise Richelieu de paix et de fraternité ».

Finalement, la modératrice leur a demandé : « Pour assurer la survie de la langue, quel progrès doit se produire? Reste-t-il du travail à faire?

Mme Lesage a commencé par cet avertissement : « On doit toujours rester vigilant en situation minoritaire afin de ne pas perdre notre langue et notre culture ». Mme Collet-Najem a expliqué que « malgré le fait que nous parlons une langue minoritaire, nous sommes entourés par une marée de francophones en Ontario, si l’on ouvre les yeux. Les trois villes de la province qui ont les communautés francophones les plus accueillantes, selon une étude récente, sont Hawkesbury, Sudbury et Hamilton. Nous avons du travail à faire à Windsor-Essex! »

M. Ngolo a conclu avec ce message : « Il ne faut pas lâcher. Nous avons beaucoup de travail à faire pour promouvoir la francophonie dans notre région ».

Photo : Alphonse Ngolo du Club Richelieu Windsor, Sophie Hinch de Art Windsor-Essex et Emmanuelle Richez, professeure à l’Université de Windsor