Jusqu’au 28 février prochain, un peu partout au pays, différentes activités et manifestations viendront souligner l’histoire des Noirs.

Concernant l’origine du Mois de l’histoire des Noirs, il faut remonter à 1926, année où l’on instaura la Negro History Week à l’instigation de l’historien afro-américain Carter G. Gordon. Il s’agissait à l’époque de souligner l’apport des Afro-américains au développement des États-Unis et de faire mieux connaître leur histoire. Cette semaine commémorative s’est implantée au Canada peu après.

Au fil des ans, l’appellation de même que la durée de ce moment réservé à l’histoire des Noirs changent. Du côté américain, ce sera la Black History Week jusqu’en 1976. Par la suite, on voit apparaître le Mois de l’histoire des Noirs, appellation qui dure jusqu’à aujourd’hui.

Au Canada, en 1995, la Chambre des communes reconnaît officiellement et à l’unanimité février comme étant le Mois de l’histoire des Noirs au pays. Finalement, le 4 mars 2008, la Motion visant à reconnaître les contributions des Canadiens noirs et le mois de février comme le Mois de l’histoire des Noirs est adoptée.

Les Noirs sont associés à l’histoire du pays depuis les débuts de la colonisation par les Français avec l’arrivée de Mathieu Da Costa, d’origine africaine, qui accompagnait Samuel de Champlain. Da Costa était un interprète multilingue qui parlait entre autres le français et l’anglais. Cette facilité à apprendre les langues s’est avérée un atout précieux entre le peuple Mik’maq et les Français.

Si Da Costa avait un statut particulier, par contre, au cours des années 1600, des centaines d’Africains ont été amenés ici pour y être réduits en esclavage. Il faudra attendre 1793 au Haut-Canada (aujourd’hui l’Ontario) pour que l’esclavage soit aboli.

Dans notre région, on connaît généralement l’histoire du chemin de fer clandestin qui a permis à des esclaves noirs américains de venir s’installer notamment dans le secteur de Sandwich et dans la région de Chatham-Kent. On aime considérer cet épisode comme constitutif de l’identité inclusive des Canadiens. Cependant, il suffit de retourner un peu dans l’histoire pour constater que dès le début la colonisation, la région s’est appuyée sur la présence d’esclaves noirs et autochtones.

Une partie de l’exposition permanente de la Maison François-Baby y fait référence. On y raconte qu’en 1701, Cadillac était accompagné de soldats, de colons et d’une douzaine d’esclaves africains et autochtones (appelés Panis). Au XVIIIe et au début du XIXe siècle, on dénombrait 528 esclaves autochtones et 128 esclaves noirs dans la région de Détroit. Cela peut surprendre de nos jours mais, à l’époque, l’esclavage était une solution acceptable pour régler le problème de manque de main-d’œuvre locale et les premières familles françaises qui pouvaient se le permettre possédaient des esclaves.

Depuis le 1er février, le musée communautaire Chimczuk propose une exposition itinérante intitulée : The Chatham Coloured All-Stars. How a Baseball team from Chatham, Ontario Made History in 1934. À l’époque de l’entre-deux guerres, l’esclavage était depuis longtemps disparu des pratiques mais la situation des Noirs gagnait à s’améliorer. L’histoire de l’équipe de Chatham est unique en ce sens qu’elle annonce les changements à venir dans le monde du sport, reflétant la lente évolution en cours dans la société en général.

Dès 1932, un groupe de jeunes Afro-Canadiens de Chatham crée une équipe de baseball. L’équipe parvient à participer à des matchs hors concours. Rapidement, les amateurs les apprécient parce qu’ils offrent des performances enlevantes. En 1934, les All Stars sont la première équipe de couleur à remporter un championnat de baseball en Ontario. Dans les ligues majeures, il faudra attendre encore une quinzaine d’années avant que les circuits professionnels permettent l’embauche de joueurs de couleur.

De nos jours, plus personne ne remarque les concitoyens de race noire dans la région. Ils sont là depuis toujours, semble-t-il, et, dans ce cas, c’est une vérité historique. Dans la communauté francophone, ils peuvent retrouver de plus en plus d’occasions de s’intégrer. Le Centre d’orientation pour les adolescents du Centre communautaire francophone de Windsor-Essex-Kent (CCFWEK) est un rouage important de cette intégration.

Le vendredi 16 février, à compter de 15 h, des activités spéciales marqueront le Mois de l’histoire des Noirs pour ces jeunes francophones arrivés ici depuis peu. Musique, danse, mets traditionnels africains sont au programme.

De son côté, l’Organisation communautaire africaine de Windsor célébrera le Mois de l’histoire des Noirs le 17 février au WFCU Centre. Différents conférenciers viendront présenter leurs perspectives reliées à ces communautés. Il y aura un défilé de mode, un groupe de danseurs et musiciens et un souper composé de mets canadiens et africains. La soirée se terminera par une danse.

 

PHOTO: Des murales comme celle-ci parlent de la présence des gens venus d’Afrique dans la région.