Le 24 juillet 1701, l’officier français Antoine de Lamothe-Cadillac posait les fondations de ce qui allait devenir l’une des plus anciennes villes d’Amérique du Nord. En établissant un poste militaire et commercial baptisé Fort Pontchartrain du Détroit, sur la rive opposée de l’actuelle Windsor, il jetait les bases de la ville de Détroit. Ce geste stratégique visait à renforcer la présence française dans la région des Grands Lacs et à contrôler un point névralgique du commerce des fourrures. Trois siècles plus tard, cette date reste un jalon fondateur de l’histoire franco-canadienne de la région.
Christiane Beaupré
L’été 1701 marque un tournant dans l’expansion française en Amérique du Nord. Le 24 juillet de cette année, Antoine de Lamothe-Cadillac, officier et explorateur au service du roi de France, jette l’ancre sur la rive nord-ouest de la rivière Détroit et y établit un poste militaire et commercial : Fort Pontchartrain du Détroit. Ce site deviendra plus tard la ville de Détroit, aujourd’hui l’un des grands centres urbains des États-Unis.
À l’époque, la vallée du Mississippi et les Grands Lacs sont au cœur d’un vaste territoire contrôlé par la Nouvelle-France. Cependant, cette emprise est contestée par les Anglais, bien implantés sur la côte atlantique, et leurs alliés autochtones. C’est dans ce contexte stratégique que Cadillac propose à la Couronne française la fondation d’un poste fortifié au bord de la rivière reliant le lac Érié au lac Sainte-Claire.
Avec une centaine d’hommes, dont des soldats, des coureurs des bois et quelques familles canadiennes, Cadillac remonte le fleuve Saint-Laurent, traverse le lac Ontario et les rapides de Niagara, et atteint la région des Grands Lacs. Il choisit un emplacement étroit de la rivière Détroit – mot d’origine française signifiant « détroit » – un point de passage obligé pour le commerce entre le Haut et le Bas-Canada.
Le fort est baptisé Pontchartrain, en l’honneur du ministre de la Marine de Louis XIV. Construit en bois, le poste comprend une palissade, quelques bâtiments, un entrepôt et une chapelle. Rapidement, le fort devient un carrefour d’échanges : fourrures, outils, armes, tissus et vivres y circulent, au rythme des alliances et des rivalités entre Français et Premières Nations.
Cadillac, conscient de l’importance de la diplomatie avec les peuples autochtones, conclut des ententes avec plusieurs nations, notamment les Outaouais, les Hurons-Wendats et les Potéouatamis. Il souhaite créer une « société mixte » au cœur de l’Amérique, où colons français et peuples autochtones vivraient en paix et en collaboration. Mais les tensions ne tardent pas à émerger, exacerbées par le commerce de l’alcool et les pressions concurrentes des Britanniques.
Malgré les difficultés, Fort Pontchartrain se développe au fil des décennies. Le site devient un point névralgique de la traite des fourrures, un lieu de passage militaire et un embryon de peuplement. La présence française y est maintenue jusqu’en 1760, date de la conquête britannique de la Nouvelle-France.
Trois siècles plus tard, la fondation de Détroit par Cadillac demeure un événement marquant de l’histoire nord-américaine. Le nom du fondateur a d’ailleurs traversé le temps : il a été donné à une marque de voitures de luxe, symbole de prestige aux États-Unis, mais aussi à de nombreuses rues, écoles et institutions non seulement à Windsor mais partout en Amérique du Nord.
Photo (Source : Le Rempart) : En 2001, lors des célébrations du Tricentenaire, les francophones de Windsor avaient reproduit l’arrivée d’Antoine de La Mothe Cadillac sur les rives de la rivière Detroit.