Le 21 octobre dernier, le Club de l’Âge d’or le Foyer de Pointe-aux-Roches a souligné le fait qu’une dizaine des résidents de l’endroit ont atteint les âges vénérables de 80 et 90 ans. Fait exceptionnel cette année, il y avait une onzième jubilaire, Arthémise Marentette qui fêtera son 100e anniversaire de naissance le 14 décembre. 

C’est en présence d’une cinquantaine de parents et d’amis que la rencontre s’est déroulée dans les locaux du Club. « Vous êtes des membres précieux de notre Club et des piliers dans vos familles, soulignait Roger Saint-Pierre, d’entrée de jeu. J’espère que vous prenez le temps d’apprécier toutes les belles contributions que vous avez apportées à votre famille et à nos communautés. » 

Pour les parents et les amis, les présentations ont permis de revivre en pensée ce que pouvait être la vie au quotidien dans la région entre les deux Grandes Guerres et durant la Dépression. 

Pointe-aux-Roches, entre 1925 et 1935, est un petit village majoritairement francophone. À l’époque, il y a déjà 100 ans que des colons se sont installés sur les rives du lac Sainte-Claire. À l’époque, l’industrie principale est celle de la coupe du bois destiné à l’industrie de la construction. Cependant, en 1925, c’est de la ferme que les résidents tirent leurs revenus. 

La Crise de 1930 sera l’occasion pour plusieurs des octogénaires et nonagénaires honorés le 21 octobre dernier de se retrouver à Pointe-aux-Roches, les emplois en ville ayant disparu. Par exemple, la famille de Nil Rosaire Desmarais qui opérait une station service à Windsor se convertira à l’agriculture au bord du lac Sainte-Claire à cette époque. 

La culture maraîchère est déjà importante comme en a témoigné Pierrette Beaudet, originaire de la ville de Québec, dans sa courte biographie. « Je connais ça les tomates », souligne-t-elle en rappelant qu’elle a consacré 28 années de sa vie à planter et à cueillir des tomates sans oublier son travail dans une conserverie. Venue à Pointe-aux-Roches en 1948 pour passer deux semaines dans la famille d’un cousin. Elle y a trouvé un mari qui a accepté que la noce soit célébrée à Québec, ce qui a provoqué bien des sourires quand le présentateur a ajouté «  qu’elle était déjà en contrôle ». 

Cécile Saint-Denis a grandi dans la région et a également travaillé dans une conserverie. En effet, après avoir élevé ses enfants sur la ferme familiale, elle a été embauchée par la compagnie Heinz. Comme toutes les épouses d’agriculteurs du temps, en plus de s’occuper de la maisonnée, les femmes participaient pleinement aux travaux de la ferme la plupart du temps, du lever au coucher du soleil. 

L’enseignement, à l’époque, était une réalité très différente. Les classes étaient souvent regroupées et l’enseignante devait trouver le moyen de motiver des jeunes qui avaient, souvent, marché sur une longue distance pour venir s’asseoir à leurs pupitres. 

D’ailleurs, à Pointe-aux-Roches, les plus vieux vont affirmer sans sourciller qu’ils devaient marcher un mille en montant le matin et refaire la distance, toujours en montant le soir. Les écoles Jean-de-Brébeuf et l’Annonciation accueillaient les élèves du village et, souvent, les enseignants étaient à peine plus âgés que leurs élèves. À 

15 ans, Juliette Oriet originaire de Saint-Joachim entre à l’école normale de l’Université d’Ottawa. L’année suivante, elle est responsable d’une classe. Elle a complété une carrière de 35 années dans l’enseignement à l’école l’Annonciation de Pointe-aux-Roches. « Elle était très aimée des enfants », se rappelle une amie. 

Les loisirs étaient également plus simples et se passaient la plupart du temps à l’extérieur. Dans ses souvenirs, Thérèse Rondot-

Sylvestre, née à Pointe-aux-Roches et sixième d’une famille de neuf enfants, s’est rappelée des joies simples de son enfance alors que « tous les soirs, avec ses sœurs et Collie, elle allait au petit bois rapporter les vaches à l’étable pour la traite du lait ». 

Joyce Ethel Arrowsmith et Jeannine Bertand émigrent au Canada où les conditions de vie leur semblent alors préférables. Mme Bertrand se souvient encore de la crainte et de l’inquiétude que ce grand changement de vie avait provoqué chez elle en 1960. Comme plusieurs autres hommes, son époux déniche un emploi chez Chrysler avant d’acquérir une ferme. L’époux de Marie Larue, originaire de Mattawa, y a également travaillé.

Un agriculteur est quelqu’un qui peut tout faire sur sa ferme dit l’adage. Pour Raymond Bellemore, c’est particulièrement vrai. Il a grandi sur une ferme mais a fait carrière chez Chrysler tout en acceptant d’aider ses voisins en effectuant de petits travaux. « On peut le surnommer Mr. Fixit », soulignait Roger Saint-Pierre en rappelant que les compétences de M. Bellemore incluaient le travail du bois, la plomberie, l’électricité, etc. 

Seule Annette Mailloux a eu un parcours différent puisque cette mère de neuf enfants a épousé un militaire ce qui l’a amenée à vivre dans plusieurs régions du pays et même passer quatre ans en Allemagne. 

« De bonnes personnes, de bons amis, de bons joueurs de cartes et de bons voisins », voilà de quelle manière M. Saint-Pierre a décrit tous ceux à la table d’honneur avant de les remercier de participer, chacun à sa manière, à la vie du Club Le Foyer. 

Photo: Le  21 octobre dernier le Club de l’âge d’or e Pointe-aux-Roches a souligné le fait qu’une dizaine des résidents de l’endroit ont atteint les âges vénérables de 80 et 90 ans.