Junior Nzita Nsuami vit à Windsor depuis le mois de janvier 2019. Il est âgé de 35 ans. M. Nsuami est récompensé pour sa participation dans la campagne de lutte contre l’enrôlement des enfants dans des conflits armés, et plus particulièrement dans son pays d’origine, la République démocratique du Congo.

Ayant servi comme enfant soldat à l’âge de 12 ans au sein de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), M. Nsuami a décidé, dix ans plus tard, de déposer sa kalachnikov pour s’engager dans des campagnes de sensibilisation contre le recrutement des enfants dans des conflits armés. Dans cette optique, il a créé en 2010 l’ONG « Paix pour l’enfance » basée à Kinshasa au Congo, pour aider les enfants victimes des conflits à renouer avec l’espoir et rêver à un avenir meilleur. C’est cette initiative qui lui a valu le Mother Teresa Memorial Award (communément appelé le Petit Nobel de la Paix) le 20 novembre dernier au Club suisse de la presse, à Genève. Il s’agit d’un prix que la Fondation Harmony, basée en Inde, décerne chaque année depuis 1979, à toute personne qui suit les pas de Mère Teresa qui a consacré toute sa vie aux pauvres et à la justice sociale.

« Je suis honoré par la Fondation Harmony. Je me sens encore plus motivé pour contribuer avec plus d’énergie à l’éradication de la violence envers les enfants impliqués dans des conflits armés », racontait M. Nsuami dès son retour à Windsor. Au cours de son séjour de plus de deux mois en Europe, il animé plusieurs conférences dans des écoles en France, en Belgique et en Allemagne. Selon lui, ses interventions étaient centrées sur son expérience d’enfant soldat, ses souvenirs de combats et de campagnes de guerre auxquels il a participé contre son gré. Il a parlé également devant ses interlocuteurs des violences dont il a été témoin pendant des années et qui lui reviennent souvent à l’esprit. « C’est difficile, mais il faut en parler », explique-t-il. Par exemple, le mot anniversaire le hante et lui fait toujours peur : « Le jour de mes 13 ans, j’essayais de tirer par le bras mon compagnon pour monter dans un camion, une roquette venant du camp ennemi l’a coupé en deux. Je suis resté avec la partie supérieure de son corps », relate avec émotion M. Nsuami.

« Les enfants étaient loin d’imaginer une situation pareille. Pour certains, c’était comme une légende. À travers nos échanges, ils ont compris que les enfants dans le monde vivent des réalités différentes, fait-il remarquer. En Suisse, certains parents se sont engagés sur le champ à soutenir financièrement l’éducation et la réinsertion socio-professionnelle des enfants soldats regroupés au sein de Paix pour l’enfance. »

Sa démarche vise des jeunes qui sont souvent recrutés pour rejoindre les champs de bataille en Syrie ou ailleurs, « pour qu’ils comprennent qu’ils sont des perdants. Je le sais, j’ai vécu la violence », insiste-t-il.

Ambassadeur des Nations Unies (ONU) sur la thématique des enfants-soldats depuis 2013, il sillonne le monde et donne des conférences à l’ONU et dans plusieurs capitales européennes.

Au Canada, Junior Nzita Nsuami a déjà livré ses témoignages dans des écoles à Winnipeg, Ottawa et à Québec. « C’est un devoir pour moi de participer à la construction de la paix, de sensibiliser les jeunes par rapport à la non-violence », conclut-il. Junior Nzita Nsuami a publié en 2016, aux éditions du Parc, un livre intitulé Si ma vie d’enfants-soldats pouvait être racontée.

SOURCE: Gabriel Nikundana

PHOTO: Junior Nzita Nsuami (au centre) a reçu le Mother Teresa Memorial Award en Suisse.