À peu de distance l’un de l’autre, derrière l’Hôtel de Ville de Windsor, se retrouvent trois repères visuels qui illustrent autant de civilisations et des époques très différentes.
Au premier plan, l’inuk-shuk, symbole traditionnel des populations du Grand Nord canadien. Les fonctions de cet empilement de pierres représentant un humain géant sont multiples. Il sert d’abord à identifier les endroits ou les caribous se réunissent pour brouter. Connaissant les variations saisonnières des déplacements des troupeaux, les chasseurs se camouflaient en embuscade attendant les bêtes que les femmes et les enfants poussaient vers eux. Ils servaient également à marquer des limites territoriales.
Si l’inukshuk présente un bras plus long que l’autre, c’est pour indiquer la direction du village ou de la ville la plus rapprochée. Comme ils sont visibles à grande distance sur la plaine gelée, ils deviennent alors un mode de signalisation pratique. Finalement, si une corne de cervidé est posée sur le monument, c’est qu’il y a une cache de nourriture enfouie à proximité.
Émergeant des vertes frondaisons, le clocher de l’église All Saints vient rappeler l’arrivée des Européens, les Français d’abord, dans la région. Les religieux accompagnent les découvreurs et rapidement les flèches de clocher deviennent des points de repères sur le territoire. Dans la Nouvelle-France d’alors, les prêtres et les religieux sont invités à aller au-devant des peuplades des Premières Nations.
Il arrive même que l’église soit complétée d’une salle où les Amérindiens peuvent venir invoquer leurs dieux tout en étant tout doucement invités à adhérer à la foi catholique. Pour les colons, catholiques, le clocher et l’église représentent le pivot autour duquel toute la vie de la communauté est axée en période de paix. Les membres du clergé et les religieuses sont la plupart du temps mieux instruits que les habitants vivant de la terre, la forêt, la chasse et la pêche et ils deviennent indispensables tant pour la vie spirituelle que pour l’éducation ou les soins de santé.
Directement alignée, la tour du Casino Caesar’s évoque, quant à elle, un XXIe siècle où la plupart seraient bien embêtés de trouver leur chemin sur un plaine gelée en se guidant uniquement sur les repères naturels ou ceux laissés par d’autres voyageurs. De telles tours sont des repères visuels importants. Qu’il suffise de penser à la Tour du CN, à
l’Empire State Building et autres bâtiments « signature ». Dans tous les cas, contrairement à l’inukshuk ou au clocher de l’église, ils évoquent la course sans fin des hommes contemporains non pas pour assurer leur survie en s’appuyant sur les efforts de tous ou encore pour « gagner son ciel » en adhérant aux valeurs de la religion. Cela s’avère pour cette tour comme pour toutes les autres semblables autour de la planète.
Assis dans le parc de l’Hôtel de Ville de Windsor, le promeneur peut passer un moment à jongler avec ce qu’évoque cet alignement de repères géographiques.
Photo: L’inukshuk, le clocher de l’église All Saints et le casino