Sur le plan de l’emploi, dire que Windsor revient de loin relève de l’euphémisme. Il y a 10 ans, et cela s’est étalé sur une longue période, la Ville de l’automobile trônait, sans partage, au sommet des régions avec le plus haut taux de chômage au pays. Les choses ont bien changé depuis. En effet, les données publiées par Statistique Canada révélaient un taux plancher de 4,6 % de chômage à Windsor, une baisse intéressante par rapport au mois de décembre 2017 alors que l’on évaluait ce taux à 6 %. Pendant ce temps, à cinq mois des élections provinciales, l’Ontario enregistre un niveau de chômage de 5,5 %.

En janvier dernier, la ville comptait 287 400 habitants, en hausse de 1,4 % par rapport à l’année précédente. De ce nombre, le nombre de personnes actives (potentiellement aptes à travailler) était de 173 400 et 165 800 postes avaient trouvé preneurs (hausse de 3,2 % par rapport à la même date en 2017) ce qui explique le taux de 4,6 % dévoilé plus tôt par Statistique Canada.

Cependant, comme le soulignait récemment le président et chef de la direction de la Chambre de commerce régionale de Windsor-Essex, la région est en déficit de personnes actives sur le marché du travail. Comme si certaines personnes avaient choisi de se retirer du marché du travail suite à la crise de 2008 alors que le secteur manufacturier local a perdu de nombreux emplois qui ne sont pas revenus.

On ne tient pas compte de ces personnes dans les rapports statistiques. En conséquence, Windsor, malgré son rétablissement depuis la crise de 2008, notamment dans le secteur manufacturier, présente un des taux de pauvreté les plus élevés au pays. Selon des données datant de 2017, en tenant compte de sa population, il y a 16 % plus de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté à Windsor que partout ailleurs au Canada.

Cette situation affecte évidemment les enfants de moins de 17 ans. Vingt-quatre pour cent d’entre ceux qui vivent dans le Windsor métropolitain – Windsor, Tecumseh, Lakeshore, LaSalle et Amherstburg – vivent sous le seuil de pauvreté établi à 31 301 $ par an pour une famille monoparentale et à 44 266 $ pour une unité familiale de quatre personnes.

Au Canada, 17 % des enfants sont dans cette situation. On est loin de l’engagement pris il y a longtemps d’éliminer la pauvreté infantile pour l’an 2000. Les recherches sur le sujet démontrent qu’entre le quart et la moitié de ces jeunes ne pourront se sortir de ce cycle de pauvreté intergénérationnelle.

Depuis 2009, la Ville a un plan intitulé Pathway to Potential pour tenter de renverser la situation dans le comté d’Essex. À l’origine, quatre axes de travail très généraux ont été identifiés. En janvier 2017, cinq nouveaux axes ont été ajoutés, portant le total à neuf. Au total, il y a maintenant 18 programmes accessibles dans Windsor-Essex dont une dizaine portent sur l’accès aux équipement récréatifs. Transit Windsor offre des laissez-passer à coût réduit par exemple et un programme vise à amener les jeunes à découvrir l’usage des outils de communication modernes.

En prenant conscience de cette réalité, nul ne s’étonne du succès obtenu par l’organisme Downtown Mission et de la réponse toujours positive à des activités de bienfaisance tel le Grand Partage ou encore la campagne annuelle de Centraide.

Cependant, la population ne s’émeut plus vraiment devant le nombre croissant d’itinérants, un phénomène beaucoup plus marginal il y a une douzaine d’années.

 

PHOTO: Les offres d’emploi se font plus nombreuses à Windsor.