On entend parfois dire que la vie est comme le populaire manège forain les montagnes russes. Ça monte, ça descend, ça tourne, c’est très rapide et parfois lent au point de retenir son souffle. Cela résume assez bien les trois dernier mois de la vie de Michelle Lutsch, 18 ans, élève de l’École secondaire catholique l’Essor. 

En février, elle apprend qu’elle a été refusée à un prestigieux programme de bourses d’études. « C’était très gros, la bourse pouvait atteindre 100 000 $ », une somme non négligeable lorsque l’on se destine à des études en médecine.

« Puis, je m’inscris pour le projet pilote Accelerated Route to Medical School Program de l’Université Queen’s à Kingston en me disant que si je n’ai pas réussi à obtenir l’autre, mes chances ne sont pas très grandes d’obtenir celle-là », poursuit-elle. Au total, les responsables du programme reçoivent 300 candidatures et, à sa surprise, Michelle apprend qu’elle fait partie du groupe de 44 personnes retenues pour la phase suivante vers le 8 avril. 

S’ensuit une rencontre avec les examinateurs responsables de sélectionner les 10 jeunes Canadiens qui pourront suivre ce programme et ainsi obtenir leur diplôme en médecine en six ans au lieu de huit. 

« Cette rencontre avec les autres candidats a été formidable, mentionne Mlle Lutsch. Tout le monde a toujours été engagé dans sa communauté, a été en position de leadership et de prise de responsabilités. On était tous pareils dans un sens ». Sauf que, une dizaine de jours après la rencontre, alors qu’elle donne un cours de natation, elle reçoit un message texte de sa mère l’informant que le responsable du programme venait de téléphoner et aimerait lui parler. 

« Comment va ta journée? Aimerais-tu apprendre quelque chose qui va la rendre encore meilleure? J’ai explosé de joie. Il m’a donné quelques-unes des raisons pour lesquelles j’avais été acceptée et, sur le coup, je n’ai presque rien retenu tellement j’étais excitée. Après avoir raccroché, je suis partie en courant au bord de la piscine, ce qu’il ne faut jamais faire, et j’ai serré mes amis dans mes bras », raconte-t-elle. Elle admet en souriant qu’elle aurait littéralement pu marcher sur l’eau de la piscine à ce moment-là.

Pendant deux ans donc, Michelle, entourée de deux mentors (le second étant un étudiant de 3e année), sera encouragée à non seulement obtenir une moyenne de 80 % dans les matières liées à la médecine mais également à explorer des secteurs d’intérêt divers, à son choix. 

« Ce n’est pas pour mes notes que j’ai été retenue. Ma moyenne est de 93 % et je ne suis pas la meilleure, indique la jeune femme qui savait, dès sa 3e année à l’école élémentaire qu’elle allait devenir médecin. C’est en regardant ma main que ça m’est venue. Le corps humain et son fonctionnement me fascinent. Ils cherchaient plutôt des étudiants aux intérêts divers, avec la personnalité requise pour devenir médecin et pour qui le bien-être du patient est primordial. » 

Après un été passé à travailler comme sauveteur à la piscine, elle entreprendra ce programme accéléré avec un horaire très chargé : cinq cours par semestre plus trois heures par semaine dans un champ d’intérêt différent. Lorsqu’on lui demande ce qu’elle dirait aux élèves qui la suivent et qui, bientôt, devront faire un choix de carrière, la réponse est simple : il faut suivre sa passion. 

« On privilégie beaucoup la science et très peu les arts Pourtant, les deux sont également importants et valorisants. Je leur dirais d’aller vers ce qui les passionne, de travailler fort pour devenir aussi bons que possible », conclut Michelle Lutsch. 

Photo: Michelle Lutsch