À l’arrivée du printemps, le marché immobilier ontarien reprend vie. Si les ventes augmentent, l’abordabilité reste un défi majeur. Entre opportunités, incertitudes économiques et espoirs prudents, acheteurs et vendeurs naviguent un marché encore marqué par l’instabilité des dernières années.

Olaïsha Francis – IJL Réseau.Presse – Le Rempart

Chaque année, la saison printanière dynamise le marché immobilier dans la province. Selon l’Ontario Real Estate Association (OREA), le Toronto Regional Real Estate Board (TRREB) et la Canadian Real Estate Association (CREA), cette période marque une hausse significative des nouvelles inscriptions et des acheteurs actifs.

En effet, les rapports révèlent que les ventes au printemps (de mars à mai) sont généralement 20 à 30 % supérieures à celles des mois d’hiver. L’augmentation des températures, les journées plus longues et la fin des ralentissements hivernaux créent un cadre idéal pour acheter ou vendre une maison. De plus, de nombreuses familles cherchent à s’installer avant la rentrée scolaire de septembre, ce qui alimente la demande et accélère les décisions.

Selon les données de TRREB de mars 2025, l’accès à la propriété est plus abordable qu’en 2024 grâce à une légère baisse des prix et des coûts d’emprunt réduits rendant les paiements hypothécaires plus abordables pour de nombreuses familles.

« Il y a plus de choix de maisons sur le marché, ce qui donne aux acheteurs plus d’options et de pouvoir de négociation. Il n’y a pas si longtemps, les maisons se vendaient si rapidement qu’il n’y avait pas beaucoup de stock. Mais nous constatons toujours un optimisme prudent : plusieurs adoptent une approche « attentive » lorsqu’ils surveillent les taux d’intérêt et les indicateurs économiques », explique Shelly Howe, agente immobilière dans la région de Toronto.

Dans la ville frontalière de Windsor, les tensions politiques et économiques influencent fortement l’immobilier. En raison de l’impact des tarifs américains, les gens semblent hésiter à prendre des décisions, attendant de voir comment la situation va évoluer. Il y a tout de même des intéressés.

« On ne voit pas vraiment de nouveaux arrivants francophones, car beaucoup n’ont pas encore le statut ou les moyens d’acheter une propriété. Cependant, on remarque un afflux d’Haïtiens, de Mexicains et d’Américains qui cherchent à s’installer ailleurs à cause des conflits actuels », affirme Katia Augustin, agente immobilière.

La plupart des emplois à Windsor reposent sur le secteur manufacturier, liés à l’industrie automobile ou à d’autres secteurs affectés par les tarifs, ce qui crée une certaine inquiétude parmi les travailleurs et freinent les achats. « En ce qui concerne les prix de vente ou le volume des ventes, l’année dernière était meilleure. Maintenant, je dois dire que tout a ralenti, voire presque cessé », selon Mme Augustin.

D’après elle, ce n’est pas forcément le meilleur moment pour vendre, mais c’est une belle opportunité pour ceux qui envisagent d’acheter, car la concurrence est moins forte. Les vendeurs, notamment les constructeurs, proposent des incitatifs inédits.

« Ils offrent de finir de paver le stationnement ou de mettre du gazon, des choses qu’ils ne proposaient pas avant, précise-t-elle. Si quelqu’un veut acheter, c’est le bon moment, car les prix ne sont pas exorbitants, voire un peu moins chers. Dans des périodes d’incertitude comme celle-ci, il peut y avoir des opportunités de faire de bonnes affaires », conclut-elle.

Windsor offre des prix bien inférieurs à ceux de Toronto, ce qui en fait une option attrayante pour les familles qui cherchent une propriété à coût réduit dans une ville plus tranquille.

Un défi persistant

Si le marché semble plus accessible qu’avant, la question du logement abordable reste difficile. « À l’heure actuelle, les plus grands défis que nous constatons sont liés à l’abordabilité, à l’offre et à la confiance des acheteurs. La demande de logements est toujours élevée, surtout avec une croissance démographique constante et un grand nombre d’immigrants en Ontario. Cependant, l’abordabilité reste un véritable obstacle : même si les prix ont légèrement baissé par rapport aux bonnes années, de nombreux locataires ont encore du mal à accéder au marché.

« Les prix ont baissé dans certaines régions d’année en année, mais ils restent historiquement élevés par rapport aux revenus moyens. De plus, la hausse des coûts d’emprunt au cours des deux dernières années a rendu les paiements mensuels plus difficiles pour de nombreuses familles, même si le prix global est légèrement inférieur », affirme Shelly Howe.

Ainsi, malgré des opportunités printanières et une croissance du marché, le coût d’achat des propriétés est à un niveau si élevé qu’il est difficile pour les familles de la classe moyenne de s’acheter une maison, et l’augmentation des coûts d’emprunt ces dernières années a compliqué la situation pour de nombreux ménages. Partout en Ontario, la question de logement abordable et la confiance des acheteurs restent les principaux défis à surmonter dans le secteur de l’immobilier en 2025.

Photo : Shelly Howe, agente immobilière, Toronto (Crédit : S. Howe)