Le vendredi après-midi, plus de 50 membres du Club de l’âge d’or Jean-Paul II revêtent leur polo rouge et se rendent retrouver les amis pour pratiquer un sport dont on pense qu’il existe depuis environ 7000 ans : les quilles.

Évidemment, la compétition est amicale mais les joueurs s’appliquent vraiment à faire tomber les dix quilles. Chaque tournoi regroupe 14 équipes formées de quatre personnes qui essaient de réaliser la meilleure marque possible. L’ambiance est bon enfant et, sans égard au résultat du dernier lancer, tout le monde se félicite sans vraiment s’imaginer qu’ils sont les descendants de centaines de générations de quilleurs.

Si les fouilles archéologiques en Égypte ont permis de trouver des objets vieux de 7000 ans correspondants à un jeu similaire, par contre, dans son récit épique l’Odyssée, Homère y fait allusion. Douze siècles avant notre ère la guerre fait rage à Troie. Ulysse est en mer depuis 20 ans et Pénélope, son épouse, que l’on presse de trouver un nouveau mari, trouve le moyen de retarder le moment du choix en annonçant qu’elle se prononcera lorsqu’elle aura terminé de tisser une tapisserie. Elle y travaille le jour mais défait les progrès durant la nuit. De leur côté, les prétendants s’adonnaient à ce jeu, devant le palais, disposant de 108 quilles avec, au milieu, une quille plus grande et plus belle qui représentait Pénélope. Quand le joueur l’avait renversée, sans renverser d’autres quilles, il considérait son succès comme un heureux présage, espérant alors conquérir Pénélope elle-même.

Le jeu moderne remonterait au Moyen Âge. On utilisait alors neuf quilles. Il faudra attendre les années 1850 pour voir apparaître la dixième quille. Le jeu à neuf quilles était populaire et suscitait des paris, ce que les autorités décident d’interdire. L’ajout de la 10e quille vise à contourner la loi alors appliquée dans plusieurs États. Au tournant du XXe siècle, l’American Bowling Congress établit les règles qui sont, pour l’essentiel, toujours en force de nos jours. Le jeu est alors très populaire tant chez les femmes que chez les hommes.

Mais, l’âge d’or du jeu de quilles correspondra avec l’arrivée du téléviseur familial sur lequel on pouvait assister à des tournois professionnels. La vaste diffusion des émissions de quilles créera des émules et les salons de quilles se multiplieront un peu partout. La mécanisation du placement des quilles contribuera également à augmenter la popularité de ce sport.

Dorénavant, les salons de quilles sont de vastes endroits où les ordinateurs ont remplacé les traditionnels marqueurs. Mais, pour les joueurs de la ligue Jean-Paul II, tout cela n’est pas vraiment important en regard du simple plaisir qu’ils ont à se retrouver et à se défier amicalement le vendredi après-midi.