Jean-François Gérard

L’application To Good To Go (Trop bon pour la poubelle), a été lancée le mardi 2 mai à Windsor. Le service propose de récupérer les invendus du jour chez les commerçants pour 30 % du prix. L’application présente un aspect ludique et joue sur deux tableaux : faire des économies d’un côté et lutter contre le gaspillage alimentaire de l’autre. Le consommateur doit se présenter à une tranche horaire précise pour récupérer son « sac surprise », composé en fonction de ce qu’il reste. Pour le commerçant, c’est l’occasion d’amortir les pertes des produits invendus et parfois de toucher un nouveau public.

Rodney Alléguède, qui gère trois boulangeries de Goûter Pâtisserie à Toronto, témoigne de son expérience après environ un an : « Dans nos boulangeries, nous proposons au minimum deux paniers par jour et au maximum cinq ou six, un mauvais jour où il pleut beaucoup. Cela permet de rentrer dans nos frais des invendus en fin de journée sans effort, avec plusieurs profils : des écolos sensibles au gaspillage, des gens économes, et des curieux qui veulent découvrir un endroit. Certains deviennent ensuite des clients, car ils ont découvert un emplacement et des produits comme nos tartes ou nos quiches. Contrairement aux livraisons Uber, cela permet d’avoir un contact avec le client. »

« À Windsor, un bassin industriel avec un taux de chômage un peu plus important, les commerçants ont vu un moyen de se connecter davantage avec les résidents et la communauté », remarque Nicolas Dot, gestionnaire des relations publiques de Too Good To Go au Canada. Il met en avant « une grande diversité de commerces locaux » comme  l’épicerie The Cheese Bar, la boulangerie Sweet Revenge, et aussi Metro Ontario « pour des produits de boulangerie ou des gâteaux » qui compte six emplacements dans la région de Windsor. D’autres commerces devraient s’ajouter.

To Good To Go est une entreprise franco-danoise. Elle a été lancée en 2016 en France, qui reste le pays où l’application est le plus utilisée avec plus 500 villes et 50 millions de repas « récupérés ».

Au Canada, la société a choisi Toronto pour implanter son siège social et fait des affaires dans 13 villes au pays. Elle compte de nombreux francophones dans son équipe, qui souvent connaissaient l’application en Europe. Au Canada, elle a déjà aidé 5200 commerces alimentaires à donner une deuxième vie à plus de 1,6 million de repas dans toutes les provinces.

Selon une étude, le gaspillage alimentaire d’un foyer familial à Windsor équivaut à environ 2000 $ par an. La ville de Windsor doit détourner 70 % de ses déchets organiques des décharges d’ici 2025. Au Canada, le gaspillage et les pertes de nourriture représentent le poids de 1868 ponts Ambassador chaque année.