Après avoir été enseignante et agente d’éducation en Ontario, Hélène Koscielniak a depuis presque 10 ans entrepris une seconde carrière, celle d’écrivaine. Marraine, Carnet de bord, Contrepoids, Filleul, j’ai lu tous les romans de cette Franco-Ontarienne de Kapuskasing. Sa toute dernière création s’intitule Frédéric, un roman qui s’adresse autant aux adolescents qu’aux adultes.
Le lieu de l’action n’est pas précisé, mais je me suis demandé si ce n’est pas quelque part en Ontario, probablement dans le nord de la province. La romancière m’a clairement indiqué ne pas avoir voulu le spécifier, « car je souhaitais que les jeunes lecteurs se retrouvent dans le roman où qu’ils demeurent ».
Dans Frédéric, l’auteure entre dans la peau de toute une panoplie de personnages, d’un fragile garçon de 16 ans à des grands-parents cools, en passant par une prof de français venue de France, une maman psychiatre et des camarades de classe quelque peu assimilés. Le vocabulaire colle admirablement bien à chacun de ces personnages.
Frédéric Masson est le narrateur et cherche à toujours bien s’exprimer en français, mais son bud Ed aime bien lancer des commentaires en anglais, du genre This is Canada, man! It sucks, man! Go figure! Man, you’re losing it! Il arrive aussi à Frédéric de truffer ses phrases de mots tels que gramps, high five ou What a set of wheels!
Je ne suis pas un usager des téléphones intelligents (je n’ai même pas de cellulaire) et j’ignore presque tout des réseaux sociaux. Cela ne m’a pas empêché d’apprécier le style coloré de l’auteure lorsqu’elle écrit « aspiré dans le grand whoooshh de la poubelle de mon cell ». Je n’ai pas un seul cd musique et je ne télécharge pas de chansons sur mon ordinateur (qui n’est pas portatif, vous en aurez bien douté). J’ai néanmoins apprécié lire que « la musique décapsule l’intérieur [d’un jeune] et provoque un jaillissement d’émotions qui le chavirent tout entier ».
Frédéric a 16 ans, vit avec sa mère et souffre de troubles de personnalité. Jusqu’à la moitié du roman, il envoie des courriels à son père dans l’armée canadienne… (Préparez-vous pour un rebondissement de taille!) L’ado a deux passions : le dessin et les femmes. Je devrais plutôt dire « une femme » car il s’agit de Mme Bénezet, son enseignante de français fraîchement arrivée de France. Ses leçons de subjonctif et de conditionnel ou de bonne terminologie pour décrire l’équipement de hockey ou les pièces d’une automobile m’ont cependant un peu ennuyé.
L’éditeur annonce « un roman psychologique qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page ». Je ne me rallie pas à cette prédiction, car il m’a fallu lire presque 100 pages avant d’accrocher dans ce petit roman qui n’en compte que 230. Cela tient peut-être au fait qu’Hélène Koscielniak a cherché à écrire un roman psychologique plutôt qu’un roman d’aventure. Son analyse des personnages est finement ciselée et les descriptions de conflits psychologiques prennent souvent le dessus sur le dénouement saccadé d’une intrigue.
Le développement de thèmes très actuels tels que les médias sociaux, la famille désunie, les conséquences de la violence et l’engagement des grands-parents dans la vie de leurs petits-enfants… vaut à ce roman trois étoiles et demie sur cinq.
Hélène Koscielniak, Frédéric, roman, Ottawa, Éditions L’Interligne, coll. Vertiges, 2014, 232 pages, 19,95 $.