Pointe-aux-Roches a toujours été et demeure une communauté tout à fait spéciale dans le Sud-Ouest ontarien. Bien ancrés sur des terres fertiles ou sur la rive du lac St. Clair, les résidents de l’endroit constituent, chez les plus âgés, un réservoir de connaissances historiques et culturelles francophones quasi inépuisable. Depuis plusieurs années, le Club de l’âge d’or Le Foyer souligne, une fois l’an, les anniversaires de ceux qui célèbrent leur 80e ou 90e anniversaire de naissance. L’an dernier, une centenaire était même à l’honneur.
Au fil des ans, on a appris bien des histoires sur ces personnes. Récits de la petite enfance, histoires de militaires, fermiers devenus travailleurs en usine, institutrices, femmes au foyer ou caissière à la Caisse populaire entre autres.
Roger Bibeau
Cette année, la présentation a permis de découvrir six belles histoires de vie à commencer par celle de Roger Bibeau, 80 ans bien sonnés, l’œil vif et la jasette facile. Il est originaire de Saint-Flavien de Lotbinière, petite localité près de Québec. En 1953, il complète son Cours commercial sénior et commence à travailler pour la Banque provinciale à Québec. Trois mois plus tard, il est muté à la succursale de Windsor. « À part quelques mots, je ne parlais pas anglais. Heureusement que mon gérant, M. Saint-Pierre, était francophone il m’a aidé à m’installer », raconte-t-il. Quatre ans plus tard, il se marie. En cours de route, il participe à la fondation de la paroisse Saint-Jérôme et du Centre canadien-français. Il a travaillé pendant 43 ans chez Desjardins.
Rita Bellaire
Les femmes de Pointe-aux-Roches de ces générations ont tenu plusieurs rôles et ont souvent été à l’avant-plan. Pour sa part, Rita Bellaire, également octogénaire, est originaire de Chatham. Après avoir élevé ses deux enfants, elle a choisi un métier non traditionnel pour une femme, chauffeur d’autobus. Pendant 38 ans, elle a conduit les enfants à l’école et les a ramenés à la maison à la fin de la journée.
Béatrice Roy
En 1926, Béatrice Roy venait au monde à Pointe-aux-Roches. Après s’être marié, durant la guerre, le couple achète le magasin de Joseph Masse ainsi que le lot adjacent sur lequel il construira la maison familiale. Mme Roy se souvient que « durant la guerre, à Pointe-aux-Roches, le beurre et le sucre étaient rationnés et il fallait se procurer des coupons pour en obtenir ». Ayant en tête d’agrandir son commerce, le couple vend ce premier magasin et en acquiert un second qui partira en flammes alors qu’ils sont en vacances en Floride. Qu’à cela ne tienne, ils s’installent dans un troisième magasin, à Emeryville cette fois. Le Roy’s Supermarket desservira la population locale pendant un quart de siècle.
Ursule Leboeuf
Il y a dix ans, Ursule Leboeuf était honorée pour avoir atteint l’âge respectable de 80 ans. Dix ans plus tard, Mme Leboeuf a toujours bon pied bon œil. Descendante d’un grand-père venu de France, elle exprime que toute sa vie, trois grands principes ont guidé ses actions : sa foi, sa langue et sa culture, des valeurs qu’elle a acquises de ses grands-parents. Mme Leboeuf a été présente dans la vie communautaire de Pointe-aux-Roches toute sa vie. Fondatrice de plusieurs organismes tels que la Fédération des femmes canadiennes-françaises de Pointe-
aux-Roches, du Centre culturel Saint-Cyr, du Club e l’Âge d’or Le Foyer (elle venait d’avoir 50 ans à l’époque) et du Festival de la moisson francophone. « Tante Ursule » constate que même « si la vieillesse apporte la sagesse, ce n’est pas toujours facile d’être sage ».
Jeannette Leboeuf
À 90 ans, Jeannette Leboeuf, née également à Pointe-aux-Roches, consacre dorénavant son temps à travailler à l’extérieur, jouer aux cartes, visiter ses petits-enfants, magasiner, se maintenir en forme et… jaser.
Thérèse Broucaret
Née à Saint-Michel-des-Saints, au Québec, Thérèse Broucaret est âgée de 90 ans. Elle a grandi sur une ferme laitière dont le troupeau d’une trentaine de vaches était complété par une trentaine de porcs. Initiée jeune aux travaux de la ferme, elle se souvient avec acuité du labeur nécessaire pour travailler sans machinerie agricole, seulement avec des chevaux. Après le voyage de noces aux chutes Niagara, elle et son mari – qui était originaire de France – vont travailler pendant une dizaine d’années à la cueillette du tabac et de tomates dans la région de Pointe-aux-Roches. Son mari sera éventuellement embauché chez Ford et Mme Broucaret demeure aujourd’hui à Woodslee.
Comme le soulignait M. Saint-Pierre, président du Club de l’Âge d’or, « à votre manière, vous avez tous pris part à la vie de Pointe-aux-Roches et du Club. Nous vous en remercions sincèrement ».
Daniel Richard