Vincent Georgie, directeur général du Festival international du film de Windsor, vient de passer une dizaine de jours au Festival international du film de Toronto.Il était sur place, avec une dizaine de responsables du festival de Windsor pour magasiner des films qui viendront bonifier la programmation entre le 1er et le 6 novembre prochain. Mais, il y a plus.
« Le Festival international du film de Toronto (TIFF) est certainement le plus grand festival cinématographique du monde, en ce qui regarde l’aspect commercial de l’industrie, précise M. Georgie. Aucun doute là-dessus. Pour nous, il s’agit d’une excellente source de films à ajouter à notre programmation.
« C’est également une occasion unique dans l’année de rencontrer des confrères venus de partout sur la planète avec qui nous pouvons échanger ou, parfois, nous mettre à jour sur des productions dont nous n’aurions pas entendu parler. »
Et, maintenant, il y a une autre raison pour laquelle le festival de Windsor est de plus en plus présent au TIFF. Depuis quelques années, suite à un remaniement des façons de faire, le festival a vu ses ventes de billets augmenter régulièrement. Lors de l’édition 2015, quelque 17 000 billets ont été vendus, ce qui marquait un record.
Il n’y a pas si longtemps, le festival se classait au dixième rang au Canada au chapitre des entrées. « En 2014, nous avons atteint le quatrième rang et, avec l’achalandage de l’an dernier, nous anticipons que notre positionnement va encore s’améliorer », ajoute le directeur du festival de Windsor. Outre la satisfaction de voir que tous les efforts et le travail investis se traduisent par un attachement croissant des cinéphiles, Vincent Georgie est également conscient que cette croissance régulière s’avère un atout important lorsqu’arrive le moment de négocier avec les distributeurs de films.
« Personne ne veut présenter un film en grande première devant seulement une quarantaine de personnes, mentionne-t-il. En ce sens, nos achalandages jouent en notre faveur. »
Cela s’avère pour la sélection des œuvres, mais également au moment de négocier le contrat qui peut inclure, outre le coût, le nombre de fois où le film sera présenté, à quelle heure, quel soir, etc. « Par exemple, un distributeur qui prévoit sortir un film en salle dans la région au printemps prochain peut demander que nous ne le présentions qu’une seule fois ».
Et la discussion doit être faite à nouveau pour chaque film. « En peu de mots, si on achète 100 films, il y aura 100 contrats différents et tout autant de conditions ».
De plus, les autres festivals se montrent intéressés à apprendre comment le festival de Windsor a pu connaître une croissance régulière.
Quand vient le temps de parler des raisons derrière les succès du Festival international du film de Windsor, Vincent Georgie dit s’appuyer sur une des lignes directrices, très simple, qui motivent les choix. « Est-ce que le film est bon et est-ce que le public va aimer ça? »
Alors que le TIFF est avant tout une opération commerciale, le festival de Windsor, de son côté, mise d’abord sur la qualité des productions, la variété des genres et l’expérience des années précédentes pour établir sa programmation. À cet égard, les films en français présentent un exemple éloquent de cette approche.
« Cela ne s’est pas fait tout seul, ni rapidement. Il a fallu faire un certain travail d’éducation, mais, au bout du compte, ce sont les films qui attirent certaines des meilleures salles lors du festival.
« Les spectateurs vivent une expérience différente et, peu importe qu’ils soient anglophones ou francophones, s’ils sont touchés par un film en français (grâce au sous-titrage), cela signifie que tous les spectateurs ont partagé un moment », conclut M. Georgie. Le fait d’avoir ramené le festival au centre-ville est également une des raisons de ses succès croissants. Jusqu’à cette année, tout se passait au Capitol. Une nouvelle salle sera ajoutée pour l’édition de cet automne.
Après avoir célébré son 10e anniversaire, le festival a encore un potentiel de croissance selon les estimations de l’industrie. Selon Vincent Georgie, à la base de tout cela, il y a beaucoup de passion pour le septième art et la volonté de retrousser ses manches et de travailler fort sans jamais tenir le succès pour acquis.
Daniel Richard