Si elle est aujourd’hui considérée comme une des voies navigables les plus achalandées de la planète, la rivière Détroit a une histoire qui remonte loin dans le passé. Les tribus amérindiennes Potawatomi, Shawnee, Wyandot et autres l’utilisaient fréquemment dans leurs déplacements entre les lacs St. Clair et Érié et le lac Huron. 

L’arrivée des Européens au XVIIe siècle allait définitivement consacrer la vocation de la rivière. Autant les colons que les prêtres, les militaires ou les marchands de fourrures utilisaient cette voie de communication naturelle pour acheminer biens et personnes de Windsor à Fort Amherstburg en passant par Petite Côte (aujourd’hui LaSalle) et Rivière-aux-Canards. 

En 1812, le contrôle de la rivière et de ses berges a été un des enjeux stratégiques majeurs de la guerre qui a opposé les Britanniques aux Américains.

Au début du XXe siècle, la rivière Détroit sera le site d’une autre forme de conflit, cette fois entre les représentants de la loi et les trafiquants d’alcool. La proclamation de la prohibition du côté américain allait être le fondement d’une industrie de la distillerie très prospère durant plusieurs années puisque le rhum qui était fabriqué du côté canadien prenait le chemin du Sud en traversant la rivière Détroit. Quelques fortunes locales ont ainsi été créées dont celle du contrebandier Low.

Avec Détroit qui grandissait et Windsor qui voyait se développer un secteur manufacturier dans le domaine automobile, les déplacements entre les deux villes vont augmenter. D’où la mise en place d’un système de traversiers dont le port d’attache se trouvait au pied de la rue Ouellette au centre-ville de Windsor. Puis, les résidents des deux côtés de la rivière ont vu apparaître les premiers bateaux cabotant sur les Grands Lacs. Les provinces de l’Ouest, productrices de céréales y ont trouvé un moyen sûr et économique de transporter le grain vers l’Est du pays et, par la suite, vers l’Europe et l’ancienne Union soviétique. Tout ce trafic allait éventuellement avoir un impact majeur sur la qualité de l’eau des Grands Lacs et de la rivière. 

Il y a une trentaine d’années, les lacs et la rivière étaient considérés comme pratiquement morts tellement ils étaient pollués. Des deux côtés de la rivière, les gouvernements se sont mis au travail et, de nos jours, le bassin des Grands Lacs est considéré comme étant rétabli. Un bon indice de cet état de fait est le retour annuel des éphémères, ces insectes qui étaient déjà dans la région au temps des dinosaures. Plus le bassin est sain, plus il y a de ces insectes. La faune traditionnelle des rives y revient progressivement et la qualité des poissons de la région est largement reconnue. 

Une bonne façon d’en apprendre plus sur la rivière consiste à se promener dans le réseau de parcs qui va approximativement du Canadian Club au pont Ambassador. Plusieurs panneaux d’interprétation y évoquent l’histoire des lieux.

Photo : La rivière Détroit, une des voies navigables commerciales les plus achalandées