Depuis environ un mois et demi, Carole Papineau occupe le nouveau poste d’agente de liaison communautaire au Csc Providence après avoir été responsable des activités culturelles étudiantes de 2002 à 2016 à l’Essor.

Le titre du poste qu’elle occupera dorénavant indique bien le mandat qui lui est confié : assurer le rayonnement communautaire du Conseil et des écoles et amener la communauté dans les écoles en créant des liens entre les deux. Et, il y aura du travail sur la planche puisque le territoire qu’elle dessert compte 13 écoles élémentaires et 3 écoles secondaires.

« Il faut travailler à créer une relève pour assurer la suite des choses. Notre communauté vieillit et nos jeunes doivent s’y investir tout comme la communauté doit se montrer plus accessible à les accueillir », assure Mme Papineau.

Un mois fort chargé donc au cours duquel elle a dû notamment assister à plusieurs réunions afin de se familiariser avec les différents dossiers, dont celui des enjeux liés à l’immigration francophone qui est en train de modifier le visage de la francophonie régionale.

Alors qu’elle travaillait à l’école l’Essor, Mme Papineau avait l’habitude de voir entrer des élèves dans son bureau à tout moment ou encore de travailler physiquement à installer la scène dans l’auditorium, placer des chaises ou s’assurer que tout se déroulait pour le mieux sans oublier les différentes réunions. La tranquillité de son bureau étonne donc et elle avoue qu’il s’agit d’un changement important. « Mais, j’étais prête à prendre ce poste à ce moment-ci dans ma carrière », ajoute-t-elle.

Originaire de l’Abitibi au Québec, elle est arrivée à Belle Rivière à l’adolescence. « Je connaissais cette partie de la région puisque je venais y passer mes étés chez les membres de la famille installés ici. À la fin des classes, je prenais le train pour venir ici et mes parents venaient me chercher lors du long congé de la fête du Travail », se rappelle-t-elle.

En 1982, elle accepte le poste d’animatrice à l’Essor. « À ce moment-là, il y avait environ 300 élèves à l’école majoritairement en provenance de familles francophones de souche », précise-t-elle.

Elle consacre ensuite une dizaine d’années à sa famille avant de retourner sur le marché du travail comme aide-enseignante à l’école Saint-Ambroise en 1995.

En 2002, elle revient à l’Essor comme animatrice. « La première année, je partageais mon temps entre l’animation pastorale et l’animation culturelle, dit-elle. L’année suivante, j’ai pris le culturel à temps plein. Le retour a été facile. Joseph Picard était le directeur et il m’avait fait remarquer que bien des élèves de 13e année se retrouvaient dans le local de musique. Il y en a un qui jouait de la guitare et tout le monde chantait. Je me suis donc présentée à eux au début de l’année et, pour ce Noël, nous avons sorti un CD de chansons de Noël ».

Et c’était parti : journal scolaire, radio étudiante et plusieurs autres activités s’organisent au fil des ans. « Mais en fait, c’est comme si je n’étais jamais partie de cette école qui est devenue mon chez-nous » confie-t-elle. Un chez-nous qui demande beaucoup de temps, et les heures supplémentaires sont nombreuses.

En cours de route, Mme Papineau voit la réalité des élèves changer. « Ils sont beaucoup plus occupés qu’avant. Plusieurs d’entre eux travaillent beaucoup, beaucoup trop, afin d’amasser l’argent nécessaire pour leurs études postsecondaires. Il n’est pas rare que des élèves travaillent 15, 20 et même 30 heures par semaine en plus de leur présence à l’école et de leur participation à différentes activités. Ça en vient même à poser des problèmes au moment de planifier des réunions ou encore des stages en leadership. Ils doivent négocier des congés avec leurs employeurs et faire des choix. À notre époque, nous étions dans une réalité très différente. »

Quel est le souhait de Carole Papineau pour les élèves? « Qu’ils aient leur éveil culturel avant de quitter le secondaire. Certains l’ont, mais pour plusieurs, cela arrive par la suite quand ils partent. Quand ma fille est arrivée à l’Université d’Ottawa, au moment de se présenter, elle a mentionné qu’elle venait du Sud-Ouest. Quelqu’un lui a alors dit qu’elle n’était pas une véritable francophone. Cela l’a fâchée et elle s’est appliquée à démontrer à tout le monde qu’elle est une véritable franco-phone. »

Cette vision de l’éveil culturel identitaire est peut-être la clé qui permettra de lier les différentes communautés francophones de la région, une condition essentielle à l’épanouissement de la francophonie dans le Sud-Ouest ontarien.

Daniel Richard