La pandémie de COVID-19 continue d’être une vraie difficulté sur l’organisation quotidienne des enseignements à travers le pays. La mise en place des programmes d’immersion en français, notamment en distanciel, n’échappe assurément pas à cette réalité.
En effet, la crise sanitaire a révélé la grande fragilité du réseau des apprenants dans la langue de Molière, de nombreux élèves ayant abandonné ce programme du fait d’une offre toujours plus restreinte. Dans la même veine, il est encore plus significatif de constater que le nombre d’enseignants pour ce programme est également en chute libre.
Cette situation est d’autant plus préoccupante que dans le sillage de la nouvelle approche du télétravail qui tend à se généraliser, l’enseignement à distance est voué également à se développer davantage au cours des prochaines années. En effet, la popularité des programmes d’immersion française au Canada n’a cessé de croître depuis leur création dans les années 1970.
L’Ontario, où une histoire et une relation profonde à la francophonie font date, est particulièrement touché par cette situation. Des conseils scolaires tentent de s’ajuster à la demande, parfois aux dépens de familles qui se voient limiter l’accès aux programmes. Ainsi, dans la province, plus de 10 000 élèves s’ajoutent chaque année aux programmes d’immersion française. Évidemment, cet effectif toujours croissant d’élèves est un réel défi pour les conseils scolaires, notamment avec le recrutement d’enseignants qualifiés.
Afin de faire le point sur cette situation dans la région, Le Rempart a communiqué avec Angeline Humber, enseignante-consultante, responsable des suivis des programmes d’immersion en français au sein du Greater Essex County District School Board à Windsor.
À la question initiale sur les niveaux scolaires proposant ces programmes, Mme Humber a indiqué que « l’immersion française est disponible de la maternelle à la 12e année ». Nous lui avons demandé quelles étaient les difficultés notables de l’enseignement du français en immersion, a fortiori en virtuel.
« Ce n’est pas idéal avec la COVID-19, pratiquer une langue nécessite une interaction, un langage corporel et une fréquence soutenue d’expression des élèves ». Du fait des restrictions sanitaires « le distanciel est intéressant, mais il présente également des limites ».
Elle a également abordé « la difficulté technologique » qui pouvait parfois limiter l’offre virtuelle des programmes d’immersion française. En effet, malgré le fait que les élèves soient dotés par l’établissement dans lequel ils sont inscrits d’appareils informatiques (de type Chromebook), « beaucoup de familles ont encore du mal à utiliser ces nouveaux outils pédagogiques ».
Au-delà de la logistique inhérente au suivi et la distribution de ces ordinateurs, « ce sont parfois les familles qui demandent à quitter les programmes d’immersion française et c’est dommage ».
Enfin, l’enjeu du manque d’enseignants qualifiés a été abordé, elle affirme être « confiante sur la capacité à trouver les bonnes personnes », tout en reconnaissant que « ce n’est pas facile, le français est une langue complexe et donc il faut savoir garder nos enseignants ».
Les programmes d’immersion en français sont une réelle valeur ajoutée pour les élèves, ils concourent à faire rayonner la francophonie tout en incarnant les valeurs du bilinguisme officiellement reconnu au Canada.
SOURCE – Stéphane Lucky