Cette année, bien des choses sont différentes à cause de la pandémie de COVID-19. Cependant, pour les femmes victimes de violence, les restrictions sanitaires et la distanciation sociale n’ont pas amélioré leur situation, bien au contraire.
C’est pourquoi il était important pour le Comité de coordination de Windsor-Essex contre la violence faite aux femmes (Comité) de ne pas annuler l’événement annuel de sensibilisation et la marche La rue, la nuit, femmes sans peur. Et le 25 septembre dernier, au lieu de présenter le grand événement prévu aux jardins Dieppe, les organisatrices ont proposé un plus petit rassemblement en raison des récentes restrictions de COVID-19 devant le refuge pour femmes Hiatus House, activité diffusée simultanément sur Facebook Live.
Le thème choisi pour 2020 est « Faites-vous entendre » et le Comité travaille à coordonner une réponse communautaire visant à mettre fin à la violence faite aux femmes et aux enfants par le biais des interventions et des services efficaces.
« La rue, la nuit, femmes sans peur » est un événement important pour sensibiliser la communauté et attirer son attention sur le fait que la violence fondée sur le sexe est encore très répandue de nos jours. En 1985, la première marche contre la violence faite aux femmes a eu lieu à Windsor devant l’hôtel de ville en réponse à l’enlèvement et à l’agression d’une employée d’un dépanneur.
« La marche sert à soutenir les survivantes de violence partout dans le monde, à donner une voix aux femmes de la communauté et à insuffler un sentiment de responsabilité à tous », explique Mariah Amor, directrice générale du Réseau-femmes du Sud-Ouest de l’Ontario.
Parmi les femmes qui ont pris la parole ce soir-là, l’avocate Laura Stairs, une intervenante très préoccupée par la justice sociale. Elle a utilisé cette tribune pour soulever plusieurs problèmes auxquels font face les femmes de la communauté ces temps-ci.
« Notre monde a vécu des changements dramatiques depuis notre rassemblement l’an dernier, dit-elle. Pendant que nous sommes encouragées à rester à la maison et à s’isoler avec les membres de notre famille pour notre sécurité, les femmes et les enfants qui sont victimes de violence à la maison sont placés dans une situation de risque accrue. La pandémie de COVID-19 amène son lot de défis pour les femmes victimes de violence. »
Elle a ensuite remercié Sharon George, coordonnatrice de la justice autochtone du Bureau d’aide juridique de l’Université de Windsor, pour sa présence.
« Nous ne pouvons avoir une discussion sur la violence contre les femmes au Canada sans discuter de la crise des femmes et jeunes filles autochtones disparues ou assassinées, poursuit l’avocate.
« Nous devons reconnaître l’interaction du patriarcat et du colonialisme comme source de cette violence et prendre des mesures dans nos propres vies pour mettre fin à cette crise. Ce soir, j’utilise ma voix pour amplifier les voix des femmes autochtones de notre communauté en continuant de demander justice pour celles disparues ou assassinées. »
Elle a parlé du meurtre de George Floyd et du mouvement Black Lives Matter aux États-Unis, et du fait que nous sommes confrontés aux mêmes réalités de racisme anti-Noir dans nos institutions et en nous-mêmes.
« Breonna Taylor a été tuée chez elle par la police le 13 mars. La semaine dernière, les autorités ont décidé de ne pas poursuivre les policiers impliqués dans cette intervention. Nous joignons nos voix à toutes celles à travers le monde pour demander justice pour ce meurtre et pour toutes les autres femmes assassinées dont les meurtriers n’ont jamais été accusés. »
Un discours qui a résonné fort auprès des participantes qui, après quelques témoignages inspirants de survivantes, ont chacune pris une pancarte sur laquelle était inscrit un message pour toutes celles qui sont toujours victimes d’actes de violence au quotidien.
Le groupe a conclu l’événement en marchant sur l’avenue Louis vers la promenade Riverside en scandant des messages tels qu’« arrêter la violence envers les femmes ».
PHOTO – Les femmes ont terminé la soirée par une marche de solidarité.