Lors du dernier Concours oratoire du Club Richelieu Windsor, il a été question de plusieurs sujets, révélant ainsi l’étendue des préoccupations et des questionnements des adolescents en 2018. Un exposé traite de la notion de point de vue qui fait que l’on discerne les choses différemment en fonction de l’angle d’approche. Il a également été question de code vestimentaire, d’identité et de sexisme à partir de points de vue différents. Fait intéressant : à partir de points de vue diamétralement opposés, il arrive que les conclusions soient similaires.
En effet, Amanda Gharib de l’école Monseigneur-Jean-Noël avec sa présentation intitulée Pourquoi je porte un hijab? et Rebekah Bastien qui a discouru les codes vestimentaires à l’école se sont donc rejointes sur les thèmes de l’identité et du sexisme.
Rencontrées après le Concours, les jeunes filles s’accordaient pour dire que le sujet touchait particulièrement les femmes et à peu près pas les hommes. Ces deux élèves peuvent porter ce qu’elles désirent pour aller à l’école, dans la mesure où cela cadre avec le code vestimentaire.
« De nos jours, il y a encore beaucoup de personnes qui sont contre les femmes et, particulièrement dans le cas du hijab, il est important d’expliquer que ce n’est pas un symbole d’oppression contrairement à la croyance populaire, explique Amanda. Il y a certainement un problème de méconnaissance et c’est pourquoi je saisis l’occasion de raconter ce qu’il en est. »
Pour elles, l’habillement permet d’exprimer qui ont est.
« Il y a beaucoup de problèmes qui sont liés au code vestimentaire, affirme Rebekah. À l’école, je vois des garçons porter des choses qu’ils ne devraient pas. Par exemple, des jeans déchirés. Si une fille en porte, elle est automatiquement réprimandée et, parfois, retournée à la maison. Pas les garçons. »
Il y a donc une réponse différente selon que l’on soit une fille ou un garçon. « Il semble que l’on croit que les filles sont plus capables que les garçons de porter la pression de s’habiller correctement, de manière à ne pas déranger. Si tu es un garçon et tu veux montrer tes muscles, fais-le, pas de problème. »
Avec un certain humour, Rebekha fait remarquer que si on est plus vigilant avec les tenues vestimentaires féminines pour ne pas provoquer les garçons ou même les hommes, c’est parce ces derniers ont plus de difficulté à se contrôler. « C’est comme ça que cela fonctionne, que cela a toujours fonctionné et que ça va continuer de fonctionner, dit-elle. Cependant, les filles commencent à penser que peut-être on doit changer les choses. »
« Je ne me considère pas comme féministe, mais je veux l’égalité entre les garçons et les filles parce qu’on est tous des humains », indique Amanda appuyée en ce sens par Rebekha qui ne se dit pas féministe non plus.
« C’est souvent interprété comme tu penses que les filles ont besoin de plus de droits que les garçons ou qu’elles doivent être aidées pour atteindre la parité. On devrait choisir les personnes les plus qualifiées, c’est tout. Ça ne devrait pas être une question de pitié », poursuit-elle.
Dans une dizaine d’années, Amanda (8e année) se voit comme médecin spécialisé pour les enfants. Quant à Rebekha (7e année), elle vise à être pilote d’avion militaire et si un jour, elle devait se retrouver dans une escadrille où la majorité des pilotes serait de confession musulmane et qu’on lui demandait de porter un foulard lors des réunions de planification des vols, elle essaierait d’être conciliante. « Ça n’a pas toujours besoin d’être une grande bataille, dit-elle. J’aime connaître les opinions des autres donc, j’essaierais. »
Pour Amanda, « sortir de la maison sans mon hijab, ce serait comme sortir sans mon chandail. Je ne m’imagine pas faire cela et même si d’autres personnes acceptaient d’aller en classe sans chandail, je ne le ferais pas. Mon hijab est devenu une partie de moi. C’est qui je suis, c’est la façon dont je m’identifie. »
L’une et l’autre sont confiantes dans les choix qu’elles ont faits pour maintenant et pour l’avenir. Elles se réjouissent d’avoir des amis qui respectent ces choix, « sinon, ce ne sont pas de vrais amis ».
PHOTO: Amanda Gharib et Rebekah Bastien