Lorsque la petite troupe du Sieur de Lamothe Cadillac s’installe sur la rive nord de la rivière, l’histoire jusque-là l’affaire des Premières Nations qui parcourent et habitent le territoire s’ouvre sur un nouveau chapitre. Quelques années plus tard, certains des colons français décident de traverser la rivière pour s’installer à peu près dans le secteur où se trouve aujourd’hui l’église Assomption.
Certains ont laissé derrière des familles pour venir s’installer à la Pointe de Montréal. L’histoire déroule sa trame et, là où le fort Pontchartrain s’élevait, ce sont les Britanniques puis les Américains qui rapidement submergent en nombre les colons français restés sur place. De ce côté-ci de la rivière Détroit, la communauté francophone conserve le haut du pavé jusqu’à environ la moitié du XIXe siècle alors que de plus en plus d’anglophones s’installent dans les alentours. En cours de route, les cousins d’origine française se sont passablement perdus de vue jusqu’à relativement récemment. Au Michigan, comme ici, les origines des francophones se sont diversifiées alors que, parallèlement, certains descendants des premières générations de colons ont commencé à s’intéresser à leur généalogie et à l’histoire, en général, de ceux qu’ils identifient toujours comme des Canadiens français. D’où la multiplication des groupes et des activités où l’on souligne et célèbre cet héritage qui s’était un peu perdu avec les décennies.
Pour qui s’intéresse au sujet, il est facile de suivre les activités de groupes tels que French-Canadian Heritage Society of Michigan (FCHSM), ou encore, l’équipe d’Élizabeth Bourne et Stephanie Hope-Pothier qui a mis sur pied Rendez-Vous 2017 tenu en septembre dernier et qui a connu un bon succès. D’ailleurs, les dates de l’édition 2018 ont déjà été annoncées. Sur le site de FCHSM, on trouve un peu de tout en regard de l’intérêt qu’ont ces « Canadiens français » pour leur passé, leur culture, leurs traditions et leur imaginaire : recettes de cuisine, rappels de l’identité de l’ancêtre français retrouvé, annonce de publications telles que Le Détroit du Lac Érié – Volume 1, écrit par Gail Moreau-DesHarnais et Diane Wolford Sheppard, et Volume 2, par Suzanne Boivin Sommerville. Toutes les activités et rassemblements y sont également annoncés.
Il y a un peu plus de 315 ans, lorsque les premiers colons établis du côté de Détroit ont décidé de s’installer ici, les liens entre les deux groupes ont été maintenus et même renforcés par le biais des mariages. Les aléas de l’histoire ont fait que les deux groupes ont perdu le contact mais, s’il faut en croire Elizabeth Bourne, « nous (l’équipe de Rendez-Vous) et nos partenaires travaillons à faire grandir la présence française de notre côté de la rivière. On ne fait que commencer ». Qui sait? On va peut-être assister à un retour des échanges entre les francophones des deux côtés de la rivière ou peut-être, inviter Trois Bouffons, un trio spécialisé dans la musique, les danses et les contes canadiens-français pour une Saint-Jean-Baptiste.