Il aura fallu plus d’une année de préparatifs. Cependant, pour Lisette et Donald Lassaline, Rina et Donald Michaud et Donna et Céleste Vigneux, cela en valait largement la peine. En effet, dans le cadre d’une entente entre le Club Richelieu Windsor et le Club Richelieu Les deux Marguerite/Alençon, les membres du club local ont rendu visite aux membres français au cours du mois d’août. Le groupe de France, pour sa part, traversera l’Atlantique l’été prochain pour venir découvrir le Sud-Ouest ontarien.
Les voyageurs se sont d’abord rendus à Paris où ils ont effectué quelques visites : la tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, Notre-Dame, etc.
Pour les accueillir, le Club Richelieu Les deux Marguerite avait invité trois autres clubs Richelieu à venir rencontrer les visiteurs de Windsor. Donna Vigneux, présidente du club local au moment du lancement du projet, avait préparé un exposé sur l’histoire des Franco-Ontariens du Sud-Ouest.
« Ce qui les a surpris beaucoup c’est, qu’après tout ce notre communauté a dû traverser au fil des siècles, nous soyons toujours là avec nos institutions propres. Ils étaient vraiment renversés », raconte Mme Vigneux.
Entre le rythme de vie trépidant de la capitale française et celui beaucoup plus calme de la Normandie, les visiteurs ont apprécié toute la valeur d’un voyage où ils ont eu l’occasion de vivre avec des familles, en mangeant et vivant comme ils le font.
« C’est tellement différent. Par exemple, quand on se mettait à table, on pouvait y être pour deux heures et demie à déguster un plat, puis un autre, entrecoupé de vin ou d’alcool. On leur a expliqué que chez nous, on prépare un plat pour le repas et que si quelqu’un veut une portion supplémentaire, il se lève et va remplir son assiette.
« Autre découverte : le matin, les Français vont acheter une baguette à la boulangerie du village et c’est ce pain, vraiment frais, que l’on mange au petit-déjeuner ».
Mode de vie différent et dépaysant donc mais également un plongeon dans la « grande histoire » qui n’a laissé personne indifférent. « J’ai toujours été fière d’être Canadienne et francophone en plus. Au cours du voyage, j’ai découvert que ma fierté pouvait également s’appuyer sur quelque chose de plus : la reconnaissance des Français, notamment ceux de Normandie, à l’égard des Canadiens qui sont débarqués sur la plage Juno et qui ont largement contribué à la retraite des Allemands. Partout, dès que nos hôtes nous présentaient, les gens nous disaient spontanément merci. »
Les visiteurs ont eu droit à une visite guidée de la région et ont pu entendre des récits concernant les soldats canadiens, la Résistance et plus encore. Par exemple, le président du Centre Juno-Canada (dont l’emplacement a été donné au Canada, devenant ainsi un territoire canadien en France), Michel LeBaron leur a raconté qu’il avait 10 ans au moment de la guerre. Tous les deux jours, son père quittait la maison à vélo sans mentionner où il se rendait. Curieux, le petit garçon a décidé de le suivre et n’a pas tardé à être découvert par son père. Celui-ci lui a expliqué qu’il protégeait un Canadien à qui il apportait de la nourriture tous les deux jours.
« Il lui a fait jurer de ne jamais en parler, surtout pas à sa mère qui était de religion juive. Le danger résidait dans le fait que des Allemands avaient réquisitionné la maison et demeuraient sur place, la famille étant obligée de les nourrir. Malgré le danger toujours imminent, son père était un membre de la Résistance », raconte Mme Vigneux.
Le périple s’est poursuivi par la visite de plusieurs sites porteurs d’histoire pour les six Canadiens qui entendaient, au fil des jours, d’autres histoires surprenantes dont une tragique relative à 27 soldats canadiens fusillés par les Nazis. Leur mémoire est d’ailleurs commémorée.
Au travers de tout cela, plusieurs visites : fromagerie, centre d’élevage de chevaux, l’église de Trourouvre et le mont Saint-Michel. Pour accéder à l’abbaye et à la commune abritée par les murs d’enceinte, une promenade de deux heures et demie, pieds nus dans le sable mouillé accompagnés d’un guide pour éviter les sables mouvants.
« Tout le monde a aimé le voyage et, l’an prochain, ce sera notre tour d’accueillir les membres du Club d’Alençon », conclut Mme Vigneux. Le fait de découvrir la Normandie avec des gens qui y vivent a permis à tout un chacun d’apprécier le temps passé dans cette région.
Photo : les membres du Richelieu Windsor et ceux du Richelieu Les deux Marguerite.