En acceptant l’invitation du Bookfest Windsor et de l’ACFO à venir échanger sur son roman intitulé La constellation du lynx, Louis Hamelin était loin de se douter qu’il s’adresserait à un auditoire encore sous le choc des récents événements survenus au Québec et sur la Colline parlementaire à Ottawa qui ont coûté la vie à deux militaires.
Le fil d’Ariane de son roman et de son essai intitulé Fabrications est simple : les autorités politiques et policières ont laissé traîné la Crise d’octobre 1970 même si elles savaient ce qu’il en était du FLQ à cette époque. L’auteur a consacré huit années à ses recherches au moment de la préparation de son livre et se dit convaincu que les forces de l’ordre auraient pu mettre un point final à la Crise rapidement. « Elles connaissaient la planque de la rue Armstrong où Pierre Laporte a été séquestré, dit-il. Elles connaissaient les frères Rose depuis deux ans et les ravisseurs de James Cross étaient sous surveillance avant son enlèvement. » Tout ceci a été démontré, selon Louis Hamelin, dans le cadre de deux grandes enquêtes menées par le Toronto Star en 1973 et par la CBC, deux ans plus tard. D’ailleurs, il dit avoir été « surpris de constater que ce genre d’enquête n’ait pas été faite par des médias québécois dans le temps ».
Selon lui, il est faux de prétendre que les policiers aient été complètement désorganisés ou pris au dépourvu. Lors de sa présentation dans le cadre du Bookfest Windsor, il a brièvement fait un parallèle entre la version officielle et généralement acceptée du déroulement de la Crise et la situation actuelle au pays alors que l’ensemble des intervenants pointent tous dans la même direction pour expliquer les événements récents et le durcissement envisagé des mesures à prendre pour prévenir la répétition des tragédies récentes.
Encore une fois, selon M. Hamelin, le public canadien se retrouve devant des zones d’ombres en regard de l’évolution actuelle de la situation. Cependant, l’auteur ne cautionne en rien les événements de 1970. « Les membres du FLQ qui ont enlevé Laporte sont responsables de sa mort même si je suis convaincu qu’il s’agit d’un accident. Cependant, je suis en complet désaccord avec l’utilisation de la violence. On ne gagne jamais de cette façon. »
Alors, pour Louis Hamelin, qui dit avoir fait le tour de ce jardin maintenant, il reste toujours une question sans réponse : pourquoi les autorités ont-elles agi de cette manière en 1970?
Photo : Louis Hamelin