Le 28 mars dernier, la classe de sociologie de 10e année pilotée par M. Lucien Gava recevait M. Basile Bakumbane qui était venu parler aux élèves des réalités politiques de son pays d’origine, le Congo, comparées à celles relevant du mode de vie pour des jeunes Canadiens. 

Le conférencier est arrivé au Canada il y a quatre ans, ayant dû fuir son pays pour des raisons de sécurité. « Je travaillais au service de l’information de l’ONU à cette époque et, lorsque nous avons appris qu’il y avait du danger, j’ai été déplacé dans une autre région et on a envoyé quelques Casques bleus (responsables de l’ONU pour le maintien de la paix) pour protéger ma famille », raconte M. Bakumbane. Depuis, sa famille a été déplacée à quelques reprises. 

Historiquement, le Congo a été divisé entre les colonisateurs français et belges. « De fait, entre les deux capitales il y a à peine la distance entre l’école où nous sommes et Détroit, poursuit-il. Et les gens traversent le fleuve sur une base quotidienne pour le travail ou pour faire des courses. » 

Selon M. Bakumbane, les problèmes remontent à l’époque de la colonisation alors que les Européens ont divisé le territoire sans vraiment se soucier du fait qu’ils créaient deux pays là où, depuis toujours, il n’y avait eu qu’un seul ensemble. « Sauf, parfois, pour l’accent, il est impossible de distinguer un Congolais de la République du Congo de son voisin du Congo Brazzaville », ajoute le conférencier.

Les colonisateurs avaient prévu donner l’indépendance aux deux Congos mais ont été pris de court lorsque la vague de décolonisation a commencé en Afrique de telle sorte que les Congolais n’étaient pas vraiment prêts à prendre les commandes au moment de la Déclaration d’indépendance. « Typiquement, le premier gouvernement élu démocratiquement est tombé au bout d’à peine une année pour être remplacé par une dictature qui a duré trois décennies ». 

Selon le présentateur, le Congo est victime de la richesse de son sous-sol d’où on peut extraire plusieurs minéraux du coltan (un minéral qui entre, notamment, dans la fabrication de composantes pour les téléphones cellulaires) aux diamants. D’ailleurs, le coltan est au cœur de la guerre en République démocratique du Congo (RDC), l’un des conflits les plus meurtriers depuis la Seconde Guerre mondiale avec plus de cinq millions de morts. « Pendant que les Congolais se battent entre eux, les compagnies étrangères peuvent continuer à faire leurs affaires tranquillement », dit M. Bakumbane. 

Le concept de sécurité est revenu à quelques reprises dans le cadre de la présentation. « Ici, quand vous entendez un bruit d’explosion, c’est généralement des pétards. Chez moi, ça peut être des tirs entre factions ennemies, des explosions. Personne ne se sent en sécurité et surtout pas les jeunes qui essaient tant bien que mal d’aller à l’école. Au Canada, non seulement, comme immigrants on bénéficie de la sécurité mais, il ne faut pas négliger que l’on apporte avec nous notre culture et nos compétences et que nous sommes prêts à travailler au développement de ce beau et grand pays. » 

Le conférencier a répondu à quelques questions en cours de présentation notamment sur la situation des religions au Congo.