L’année 1867 est marquante dans l’histoire de Windsor. La corporation municipale vient d’être créée, le Canada devient un pays laissant derrière son statut de colonie et, le 1er avril de la même année, les membres du Conseil municipal adoptent le règlement qui crée le service de police municipal.
Au milieu du XIXe siècle, Windsor n’est pas une ville très importante par sa population. À l’époque, les Canadiens français forment plus du tiers de la population qui tire majoritairement ses revenus de l’exploitation agricole.
Ville frontière, Windsor est une espèce de paradis pour tous ceux qui vivent en marge de la loi, ce qui ne semble pas indigner plus que nécessaire la population et les politiciens si l’on tient compte du fait que la prison ne compte que deux cellules.
Cinq ans après la fondation du corps policier, Joseph Langlois s’engage pour le salaire de 37,50 $ par mois à l’époque. Les quarts de travail sont longs, 15 heures. Cependant, le constable Langlois peut arrondir ses fins de mois avec les primes qui lui sont versées lorsqu’il attrape son homme et le conduit en prison.
Sa carrière est marquée de deux épisodes marquants. Lors du premier, il parvient à extraire une mère et ses deux enfants du brasier de l’Opera House, après que ses collègues aient renoncé à tenter d’autres manœuvres de sauvetage. Le second fait notoire concerne la capture, à lui seul, des cinq membres d’un gang criminel appelé Siddell Gang.
Ces informations et bien d’autres sont relatées dans une exposition pour souligner le 150e anniversaire de fondation du corps de police de Windsor.
Conçue et montée par des membres de la police, l’exposition relate les hauts faits d’une histoire qui a parfois été tumultueuse. Il suffit de songer à l’époque de la prohibition au cours des années 1920 pour découvrir à quel point les trafiquants d’alcool ont pu s’enrichir simplement en livrant de l’alcool de l’autre côté de la rivière.
De même au cours des années 1950, dans le grand boom de l’après-guerre, la prostitution et les maisons de jeux illégaux étaient monnaie courante. Un livre a même été écrit pour décrire l’atmosphère de l’époque : Unholy City; Vice in Windsor Ontario, 1950. (Patrick Brode).
L’exposition suggère un parcours intéressant dans l’histoire et permet de découvrir certains équipements, costumes ou badges dont les policiers se sont servis au fil de ces 150 années.
Elle permet également d’en apprendre plus sur les techniques utilisées par les enquêteurs afin de recueillir des indices. Par exemple, Windsor a fait figure de précurseur en ce qui a trait à l’utilisation des empreintes digitales et du moulage des empreintes de chaussures ou de pneus qui devenaient des indices permettant de remonter jusqu’aux criminels.
Une place spéciale est également faite à l’histoire de l’intégration de policiers de race noire dans le service. Le premier policier d’entre eux, Alton C. Parker, a été assermenté en 1942, à une époque où même si la situation de cette communauté était meilleure que celle de leurs frères et sœurs aux États-Unis, il existait quand même une forme de ségrégation.
Une exposition intéressante à voir au musée Chimczuk pour quiconque est curieux d’en savoir davantage sur ceux qui veillent à la protection de la population.

Photo : moulage d’empreinte de chaussure.