Briser l’isolement, valoriser les savoirs, promouvoir la santé. C’est le triple pari qu’a relevé la Communauté congolaise de Windsor-Essex (COCOWE) en organisant un atelier inédit sur le bien-être des aînés. Un espace où la parole s’est libérée, à la croisée de la tradition et de la médecine moderne.
Chrismène Dorme – IJL
La Communauté congolaise de Windsor-Essex a tenu, le samedi 18 octobre, au Carrefour communautaire francophone, un atelier intitulé « Soutien psychosocial et bien-être des aînés ».
Organisée dans le cadre du programme Nouveaux Horizons pour les aînés, la rencontre a réuni 42 participants. Une première pour l’organisme qui souhaitait répondre à un besoin croissant au sein de sa communauté.
Animée par le Dr Bernard Limbombe, médecin de famille bien connu dans la région, la réunion d’information avait pour objectif de valoriser les savoirs traditionnels, tout en établissant un pont entre les aînés et les professionnels de la santé, ainsi que renforcer l’autonomie des participants.
Selon les observations partagées, les personnes âgées issues de l’immigration doivent composer avec plusieurs changements liés à leur nouvelle vie tels que la diminution de l’activité physique, l’augmentation du stress ou encore la modification des habitudes alimentaires. Ces facteurs augmentent les risques de maladies chroniques telles que le diabète ou l’hypertension.
Le Dr Limbombe a insisté sur l’importance d’adapter l’alimentation, de contrôler la consommation de sel et de gras et de pratiquer au moins 30 minutes d’activité physique quotidienne. Il a également mis en avant la nécessité de reconnaître la richesse des savoirs des aînés en médecine traditionnelle et de les intégrer de façon sécuritaire et complémentaire dans leur plan de santé.
La vaccination a été présentée comme un pilier essentiel de la prévention chez les personnes âgées tout comme la nécessité de faire des tests réguliers (dépistage du cancer, contrôle de la glycémie et de la tension artérielle) et l’importance du sommeil comme allié du bien-être. Il a également insisté sur le suivi rigoureux des ordonnances médicales et la nécessité de ne jamais interrompre un traitement sans avis professionnel.
Pour le président de la Communauté congolaise, Jacques Lehani Kagayo, cet atelier répond à une réalité souvent silencieuse. « Nous avons constaté qu’au sein de la communauté, nos aînés font face à de l’isolement social. Ils n’ont personne à qui parler, se sentent souvent désorientés et manquent d’appui familial, confie-t-il.
« Le but était de leur donner des stratégies pour vivre en meilleure santé, mais aussi exprimer leurs maux, car dans nos cultures, certaines maladies sont encore perçues comme des tabous. »
L’activité a aussi abordé la barrière linguistique, qui complique parfois les rendez-vous médicaux. Le Dr Limbombe recommande aux participants de préparer leurs questions à l’avance, de demander un interprète ou encore de se faire accompagner d’une personne de confiance.
Face à l’accueil enthousiaste de la communauté, de nouvelles sessions sont déjà à l’étude, notamment sur des thématiques ciblées. Des suggestions ont été faites par les participants, ce qui donne un aperçu des activités à venir, comme le précise Jacques Lehani Kagayo. « Nous comptons organiser de nouvelles sessions en ciblant une ou deux maladies, comme le cancer ou le diabète. »
Le Dr Limbombe, qui parle quatre langues, a suggéré d’adapter les ateliers selon les groupes linguistiques et les tranches d’âge afin de mieux répondre aux besoins de chacun.
En organisant cet atelier, l’organisme a créé un espace d’écoute, d’apprentissage et de partage où la santé se conjugue avec la culture. Un pas de plus vers une communauté plus unie et en meilleure santé.
Photo : Dr Bernard Limbombe (Crédit : COCOWE)






