À la mi-juin, en enlevant le revêtement des rues qui se transformeront en carrefour giratoire d’ici l’automne dans le secteur Sandwich, à quelques pas à l’ouest du pont Ambassador, les travailleurs du chantier ont déterré de vieux rails qui servaient pour les tramways électriques au début du XXe siècle. Une équipe d’archéologues a donc été mandatée pour pousser les recherches un peu plus loin même si, selon les dires d’une des chercheuses à ce moment, on ne s’attendait pas à trouver grand chose.
Ce scepticisme était compréhensible puisque le secteur (Old Sandwich) fut occupé par les Européens dès le milieu du XVIIIe siècle. En effet, les Jésuites y ont établi la toute première mission au Haut-Canada en 1747. Évidemment, le territoire était occupé depuis des millénaires par les Amérindiens des tribus Chippewas, Ottawas, Potowatomis et Wyandots entre autres. Cinquante ans plus tard, le secteur est acquis en échange de quelque 300 livres de biens divers. En 1812, Old Sandwich est témoin du déclenchement de la guerre entre les États-Unis et les Britanniques puis, la guerre terminée, le développement de la région se poursuit, on trace des voies de circulation, on construit et éventuellement on érige le pont Ambassador. Évidemment, compte tenu de l’époque, on ne vérifie pas la valeur archéologique de l’endroit et on ajoute, couche après couche, différents matériaux et revêtements de sol. Pas étonnant donc que les espoirs de faire des trouvailles intéressantes aient été, au mieux, mitigés au début des fouilles. Et pourtant, un mois et demi après avoir commencé à creuser et à brasser les sols, on vient de découvrir des pièces remontant à l’époque où les Amérindiens vivaient sur les lieux et la récolte est diversifiée : outils ancestraux, fragments de poterie, éclats de silex taillés entre autres. Les premières estimations évaluent que ces fragments datent d’une période variant de 400 à 3 000 ans. L’explication de la présence de ces objets ici est relativement simple. La région des Grands Lacs est probablement occupée par les Amérindiens depuis des milliers d’années en raison notamment de la présence de ces plans d’eau, de véritables autoroutes pour l’époque. Si on oublie pour un instant la frontière politique entre le Canada et les États-Unis, on peut facilement visualiser que toute la région du centre du continent était à l’époque une seule et même unité géographique autour des lacs, malgré les territoires des différentes tribus. Forts de ces découvertes, les chercheurs sont encore sur place pour deux mois environ.
Photos : à force de chercher et de tamiser, les archéologues ont fait des trouvailles intéressantes.