Le rapport du recensement 2016 a permis, récemment, à Statistique Canada de révéler un fait méconnu. Plus de 120 langues différentes ont été identifiées comme « langue maternelle » ou « langue la plus souvent utilisée à la maison » par les quelque 217 188 résidents de la ville. Les chiffres sont impressionnants même si Windsor est considérée comme l’une des quatre villes les plus multiculturelles au pays.
Cela signifie qu’à raison d’une minute de présentation par langue, il faudrait plus de deux heures pour en faire le tour. Évidemment, toutes ces langues ne sont pas représentées, numériquement parlant, à la même hauteur. En tête de liste, l’anglais est la langue la plus utilisée de 77 % des résidents de la Ville de l’automobile. L’arabe est la seconde, suivie du mandarin, de l’italien et du français.
En regard du français, il faut noter que le recensement a répertorié 18 840 personnes qui ont déclaré avoir une connaissance de l’anglais et du français (325 personnes ont déclaré ne connaître que le français). Lors du recensement, 1550 répondants ont identifié la deuxième langue officielle du pays comme étant celle utilisée à la maison. Selon l’organisme fédéral, cette vaste répartition reflète bien l’impact des arrivées d’immigrants en provenance de pays frappés par la guerre, les persécutions ou encore, des conditions de vie très difficiles. C’est le cas, entre autres, pour les immigrants en provenance de pays à forte prédominance arabique.
Au cours des récentes années, une série de conflits a éclaté dans ces contrées qui ont forcé plusieurs à quitter leur pays. Ils sont 12 340 à Windsor et 63 % d’entre eux parlent toujours arabe à la maison. Il s’agit là d’immigrants relativement récents. Par comparaison, les Italiens, qui sont arrivés il y a plusieurs décennies à Windsor, ont progressivement laissé leur langue originelle de côté de telle sorte que seuls 36 % d’entre eux l’utilisent encore à la maison. Les nouvelles générations tendent à remplacer la langue d’origine par l’anglais sur une base quotidienne. Ce fait est bien connu chez les francophones où l’impact des unions dites exogames favorise généralement la langue de Shakespeare.
Du côté des communautés d’origine africaine, la situation est plus complexe. Le continent africain est peuplé de gens qui utilisent des centaines de langues ou dialectes. À Windsor, le swahili est toujours parlé par environ 200 personnes alors que le fula et le shona sont les langues maternelles de cinq résidents chacune. Il existe même une langue qui n’est utilisée que par une seule personne, le kuku.
Il est certain que pour les nouveaux arrivants et les organisations qui les appuient, cela pose des défis de taille dont certains se reflètent dans la communauté francophone. Par exemple, lorsqu’il est question de rencontrer un médecin, si la personne n’est pas entièrement à l’aise en anglais, il faut recourir au service d’un traducteur ce qui cause un souci en regard de la confidentialité, notamment dans les communautés plus petites.
Pour Windsor, cette diversité des origines et des langues représente à la fois un défi et une opportunité. Du côté anglophone, depuis plusieurs années les organisations ont appris à composer avec cette réalité. La communauté francophone s’y est mise plus récemment en se dotant de mécanismes d’accueil, tel le Centre d’orientation pour les adolescents, qui permettent non seulement d’en découvrir l’existence mais surtout, d’assurer la pérennité du fait français dans la région.