« Pour les croyants, pas besoin d’explication. Pour les autres, aucune explication ne saurait les convaincre », peut-on lire dans le catalogue de l’exposition Le Suaire de Turin présentée pendant huit jours à l’église Most Precious Blood à Windsor. Croyant ou non, tous se sont montrés intéressés par cette pièce de tissu remontant à l’époque de Ponce Pilate puisque plus de 20 000 visiteurs se sont présentés aux portes de l’église où une réplique photographique, grandeur nature, du suaire, plusieurs artéfacts et des panneaux d’interprétation étaient installés.
À l’époque de Jésus, chez les Juifs, la coutume était d’envelopper les personnes décédées dans un linceul tissé en lin avant de les déposer dans leur tombe. Le suaire de Turin, parce qu’il est pratiquement intact, indique que l’on utilisait une pièce de tissu de 4,36 m par 1,1 m. On étendait le corps sur le linceul puis on rabattait le reste du tissu sur lui. Si le suaire est parvenu à traverser les siècles pratiquement intact, c’est qu’il a été préservé par les premiers chrétiens qui y voyaient une relique importante et un témoin direct de la fin de Jésus de Nazareth.
Des documents historiques relatent certaines des pérégrinations du suaire : il a été exposé à Jérusalem et à Edessa autour de l’an 500 de notre ère. En 1147, lors d’une Croisade, le roi Louis VII sera mis en présence de l’objet alors conservé à Constantinople. Plus tard, ramené en France au retour d’une croisade, le suaire sera confié à une famille noble et exposé à la cathédrale de Lirey en 1357. Depuis sa découverte, il a donc toujours été un objet de vénération pour les catholiques.
Les scientifiques ont longtemps débattu de l’authenticité du suaire de Turin. Le tissage du lin, la présence de certaines fibres de coton et de pollen pointent tous en direction du Moyen-Orient comme lieu de fabrication du linceul. Le sang échantillonné sur le suaire a été identifié comme humain, de groupe AB. En 1979, un professeur de l’Université Loyola à Chicago découvre les lettres UCAI sur la paupière droite de l’image. Cette image correspond en tous points à celle d’une pièce de monnaie introduite en l’an 29 avant la naissance de Jésus alors que Ponce Pilate régnait en Palestine. Les Juifs de l’époque utilisaient des pièces de monnaie pour fermer les yeux des défunts, ce qui renforce l’idée d’une sépulture juive. Quant à la datation au carbone 14, elle a permis, dans un premier temps, d’évaluer l’âge du linceul à 1300 ans. Cependant, des analyses plus fines indiquent que le tissu date vraiment de l’époque de Ponce Pilate.
Quant à l’identité de l’homme qui a été enveloppé dans ce linceul, les scientifiques notent que les taches correspondent aux blessures infligées à Jésus. Une fois ceci établi, la décision de croire ou non qu’il s’agit bien de l’image du corps de Jésus, pour l’instant, relève de la foi.
Photo: Des gardes conféraient un caractère solennel à la présentation.