Lise Gauvin a récemment publié 17 nouvelles dans un recueil intitulé Parenthèses. Une citation d’Annie Saumont, placée en exergue de l’ouvrage, se lit ainsi : « La nouvelle, il faut se l’approprier. Et il faut parfois inventer soi-même la fin car elle est restée en suspens. Ça vous donne le ton du recueil et ça nous indique que Lise Gauvin n’est pas sans savoir qu’un livre est « susceptible de modifier, ne serait-ce que de façon infime, notre rapport aux êtres et aux choses ».

Une des premières nouvelles du livre raconte une réception pour éditeurs et agents du livre. Propos sérieux et mondanités s’entremêlent à qui mieux mieux. « Des assiettes chargées de légumes et de viandes finement tranchées remplacent celles que [les invités] viennent de terminer. » Et dans un biscuit chinois qui accompagne le thé, il y a ce message : « Il ne faut jamais désespérer du hasard ». Ce dernier sait bien faire les choses, comme en témoignent plusieurs nouvelles.

Le texte intitulé Mamouche démontre qu’il est possible de parler d’une mouche pendant cinq ou six pages. Il faut dire que ladite mouche est « de tempérament affirmé et capable de tendresse, rieuse, enjouée et grave lorsqu’il s’agissait d’écouter mes angoisses et de me rassurer ». Vous seriez surpris de savoir qui est le sujet de ces angoisses…

Dans La dame à l’hermine, une étrange visite dans un musée polonais se termine chez un étrange artiste… Et dans Le testament de tante Hortense, tous les neveux et nièces se rendent chez le notaire pour la lecture des dernières volontés de la défunte, chacun espérant toucher le gros lot car on sait qu’elle laisse une fortune, mais c’est « la bourse du ciel » qui s’avère la grande gagnante.

Vingt-quatre heures dans la vie d’un immeuble permet à l’auteure de se livrer à une autopsie du quotidien juste en scrutant chaque fenêtre de l’immeuble en face. Une autre nouvelle décrit la vie d’un homme à 20, 30, 40, 50 et 60 ans; chaque bond est un élan poétique. Quant à la nouvelle Huis-clos, je vous préviens qu’elle peut vous donner des frissons, surtout si vous êtes claustrophobe…

Chacune des 17 nouvelles examine une facette du quotidien, une parenthèse de la vie passante. Lise Gauvin a l’art de poser un regard lucide sur ce qui semble éphémère du premier coup, mais qui demeure en réalité ancré au fond de notre existence. 

Lise Gauvin, Parenthèses, nouvelles, Montréal, Lévesque éditeur, coll. Réverbération, 2015, 130 pages, 23 $.